Les hauts-parleurs diffusent une musique douce et l’icône de la souris reste immobile sur l’écran. Je n’ai envie de rien. Simplement sentir les secondes s’enfuir sans leur donner une quelconque utilité. Laisser l’esprit au repos, le regard fixé sur la photo de l’écran, me laisser submerger par l’immobilité de cette nature prisonnière. Ressentir les émotions passées, entendre des paroles oubliées, entrevoir des images furtives, comme suspendues dans une brume légère. Et ne pas en souffrir. C’est un simple bonheur que je m’octroie, et qui me soulage. Je pourrais rester des heures ainsi, bercé par cette mélodie, sans autre désir que cet abandon temporel. Je revisite des franges de ces années précédentes, essayant, parfois vainement, d’explorer plus profondément les raisons de certaines situations oubliées. Des éclats de rires, des pleurs, des colères, des moments de tendresses inattendus…Je ne laisse pas de place aux regrets. Le moments n’est pas choisi. Il ne reste que quelques jours de cette année et ce repos improvisé ravive la petite flamme qui tient éveillé ce feu d’espérance des jours à venir. Nul ne peut dire ce que sera demain. Le présent nous fige. Mon passé me fait vivre. Tout l’inverse de ce qu’on nous préconise pour notre bonne santé mentale. Est-ce cela qui forge la fameuse « résilience » ? Je ne sais pas. Je me suis toujours servit des douleurs de mon passé pour fortifier mon avenir. Aurais-je été plus fort si j’ avais sans cesse tourné le dos aux souvenirs ? Peut-être un jour en aurais-je assez de toujours vaincre les éléments pour continuer une route de plus en plus caillouteuse. Je m’imagine alors m’asseoir sur le bord du chemin, un soir de printemps, à mi-chemin du sommet d’une colline verdoyante et le regard plongé vers un horizon rouge de feu, baisser les yeux et chercher un sommeil tranquille. Comme je regarde cette photo ce soir, sans expression, juste une envie de tranquillité éternelle.