Les pages restent blanches et pourtant les doigts me brûlent d’écrire ces sentiments qui me torturent et me fatiguent. Pris au piège par cette rédaction publique, je me sens perdu face à tous ces souvenirs intranscriptibles. Et voilà ! Word me souligne ce mot et je ne sais pas pourquoi. Qu’importe ! Je parlais de Brel dans une note précédente, lui ne se gênait pas pour prendre des libertés avec la langue française, et cela l’a bien servi. Et voilà le cours de ma pensée dérangé. Je parlais de la fatigue. Pas cette lassitude physique que l’on ressent après une journée de labeur, je parle de cette fatigue sans nom, qui vous donne envie de fermer les yeux sans raison, juste pour le soulagement, être soudain plus léger que l’air, un geste de pure démission. Déconnecter cette mécanique abstraite que l’on sent vibrer dans le crâne et qui, la nuit, vous empêche de récupérer quelques forces utiles. Tourner le potentiomètre et amoindrir la sournoise douleur qui se tortille au fil des jours dans chaque pensée, laminant petit à petit le travail de nos petites et courageuses cellules positives. Oui je suis pris au piège. Comme je l’ai écrit il y a quelques mois, j’aurai voulu aller plus loin, me rapprocher de cette absence que je sous-entend sans cesse, de cet invisible que j’essai de peindre comme un mauvais artiste. Ce soir loin de ces souvenirs enfouis, je me sens tourner en rond comme une bête prisonnière et révoltée de cet état de fait. Je fatigue et pourtant je me sens fort encore. A force de chercher ses racines, on fini par se perdre dans les tunnels par lesquels on erre. On saute d’un souvenir à l’autre, d’une réflexion à une autre, au bout du compte on comprend l’inutilité de la Chose, rien n’avance, on ne fait que combler du vide. L’avenir est comme ces pages blanches que je remplis parfois de façon idiote et naïve, pour donner un sens à l’existence. Et quelquefois il faut se dévoiler. Lettre ouverte aux gens heureux. Durer. Continuer à écrire cette longue fugue, fuite, recherche, tous les termes sont envisageables pour décrire cet état d’esprit. Vaincre la douleur. Comme dit la chanson. C’est une pesanteur omniprésente, une peine qui n’en finit pas de se cacher au plus profond de mon âme. C’est la douleur invisible d’une partie amputée de ma personne, qui ronge petit à petit mon courage et ma volonté à survivre. Mais tout ira bien, c’est simplement une note qui est nécessaire à ma démarche, car se terrer à l’abri de la Vérité ne me servirait à rien.
Il y a de ça quelques années, Julien a perdu son filleul, Théo, il était âgé de quelques semaines. Un petit bout si petit mais si grand aux yeux de ses parents (le 1er petit Hénaut) et aux yeux du monde qui l'entourait. Lors du départ de ce petit ange, Julien a dédié une chanson à Théo : CHANTER, sans s'arrêter, pour oublier ses peines, pour bercer un enfant, pour pouvoir dire JE T'AIME et CHANTER tout le temps.... Aujourd'hui, pour nous cette chanson c'est la chanson de Théo ; et lorsqu'on l'écoute on pense à cette petite étoile qui illumine notre Ciel. Bon courage à toi.
Rédigé par : CATHY | jeudi 06 décembre 2007 à 12H22