Comment trouver les mots justes pour parler à ce petit homme en mal de présence ? Resté à 600 km de nous pour vivre un amour naissant, il navigue sur cette vie désormais vide de sens, comme un bateau ivre, sans capitaine ni matelot. Qu’adviendrait-il si le seul attachement qui le lie encore à cette vie plate et monotone venait à lâcher ? Nous avons vu venir à nous pour ce Noël, un fils semblant porter sur ses épaules le poids de ce deuil que nous vivons si loin de lui. Du haut de ses 26 ans, il porte dans le regard ce que les mots ne peuvent exprimer, un flot de larmes qui ne couleront qu’une fois son courage vaincu. J’ai souvent eu peur de ces colères rentrées, cachées, on ne sait pour quelle raison. Cherche-t-il désespérément les causes de cette absence injuste à ses yeux ? Sans doute. Frustré de ne pas avoir pris toute la mesure d’une situation dont il ne comprenait pas les aboutissants, il semble chercher aujourd’hui un remède à ce manque. Et nous, parents spectateurs impuissants devant cette âme torturée, nous ne pouvons que laisser agir notre instinct, si fragile devant ce travail à effectuer. Sans cesse répéter que nous sommes là, comme la mère rassure l’enfant lors des nuits de cauchemars…Nous ne pouvons que croire en un avenir meilleur pour lui et espérer une guérison définitive. Nous ne pensons pas à notre descendance, mais à la survie de ce fils qui reste notre seul horizon lorsque nous ouvrons les yeux sur demain. Là est la différence. Qu’importe si je n’ai pas le plaisir de voir courir des petites têtes blondes sur les sentiers rouges de Paugnat. L’essentiel est que vive notre fils.
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