Cette photo, même si la qualité n’est pas bonne, m’a toujours interpellé. C’est une photo de vacances ordinaire, sans grand intérêt. Du moins pour ceux qui ne connaissent pas son histoire. Nous avions fait ce jour là le tour de la Baie du Mont St Michel par un temps maussade. Si je me souviens bien nous étions vers la fin de matinée et il fallait occuper les enfants. Les plaisirs simples restent parfois inoubliables. Nous avons arrêté la voiture sur le haut d’une petite falaise et avons entrepris de descendre sur la petite plage parsemée de rochers. La marée était montante et comme vous le savez, dans la baie bla bla bla…. Nous nous sommes avancés tant que nous le pouvions vers cette eau qui venait vers nous, sautant de rocher en rocher, bravant le danger. N’ayez crainte, le risque était minime et calculé. Une fois arrivés sur les dernières roches, les pieds presque dans l’eau nous avons écouté cette nature qui nous entourait. Le bourdonnement sourd et régulier de l’eau qui venait vers nous donnait une note de musique à ce spectacle quelque peu tragique et poignant. Le ciel était bas, au loin l’abbaye semblait flotter sur la mer. Et l’eau montait. Après quelques minutes de contemplation, je décidai sagement de regagner la plage qui s’amenuisait. J’ai pris Sébastien sous les bras, Damien nous devançant, et Nicolas nous a montré le bon moyen de regagner la terre ferme, en bon grand frère. C’était comme une fuite devant les éléments qui nous prévenaient d’un danger futur. C’est vrai que la marée monte vite dans cet endroit. Une quinzaine d’année plus tard, elle submergera le passé, le présent et l’avenir. Et mes forces ne serviront à rien face à l’absurdité de ce destin incontrôlable. Seule, au milieu des flots, l’abbaye continuera de veiller.
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