Quelle belle journée! C’est Bono qui serait content ! C’est une journée à sortir le vélo pour une longue balade dans cette douceur automnale. A défaut de vélo je suis parti à pied avec Pyrus à travers cette campagne silencieuse et chatoyante, croisant assez souvent d’ailleurs, de nombreux randonneurs qui profitaient sans doute de ces derniers sursauts d’un été tardif. Après avoir passé plus de deux heures sur le PC pour configurer un second album photo, cela m’a détendu. De plus, à peine rentré, j’ai reçu un appel d’un copain du Nord, en fait celui qui tient un petit bistrot dans mon village natal et chez qui j’ai « arrosé » notre départ voici un an (ref album photo N°1), qui m’annonçait donc sa visite Jeudi prochain. Fabienne ne sera pas là, mais cela ne nous empêchera pas de se faire un petit resto sympa… A cette heure, les trois sœurs ne doivent pas être loin de leur lieu de destination…si toute fois les routes n’étaient pas trop encombrées.
Ce sont des sentiments assez bizarres qui me traversent en ce moment. Je sens comme un soulagement, un fardeau devenu moins pesant, une espérance de vie plus sereine qui me pousse vers des lendemains que je n’osais entrevoir il y a encore de cela quelques semaines. Est-ce le temps qui petit à petit fait son œuvre éloignant de moi les images d’un passé si terrible à supporter ? Peut-être. Je ne peux que laisser faire. Pourtant quand l’oubli prend le dessus sur mes souvenirs, j’ai une fâcheuse tendance à tout faire pour me replonger dans ce qui me torture et me condamne à l’immobilité. Pourquoi sommes-nous ainsi ? C’est en fait une succession d’humeurs et d’attitudes qui me perturbent et me gêne, il faut bien le reconnaître. La nature nous incite à oublier pour survivre. Avons-nous le droit d’oublier ce qui a été une part de nous même, jusqu’au plus profond de notre âme ? Je glisse doucement vers cet oubli qui guérit ma peine et cela me fait peur. Drôle de dilemme. Et parfois cela me révolte, jusqu’à me dégoûter de moi. C’est pourtant pour cela que nous sommes ici. Pour tenter une guérison que nous savions impossible sur une terre souillée de tant de drames. Ah, si nous pouvions être froids et indifférents à toute douleur, que de souffrances évitées, mais serions-nous humains ? Que de questions à résoudre pour savoir où se trouve le bon et le mauvais. Ce n’est pas le regard des autres qui me gêne, mais le reflet sans doute faussé que le passé me revois sur ma personne. Pourtant je me sens ce soir plus léger, comme si deux petites voix me disaient : « ne t’inquiète pas…ne t’inquiète pas… » Tout cela reste facile à dire et écrire…mais si difficile à faire. Pou ! que c’est compliqué tout cela. Quelle belle journée aujourd’hui. Doucement elle se termine et, vu le changement d’heure, la nuit sera plus vite venue. C’est cela qui n’est pas tout à fait normal.