Bon. Alors vous me direz, tout à l’air de reprendre sa place dans le meilleur des mondes. Les notes du blog diffusent régulièrement le quotidien d’une vie qui, à-priori, se reconstruit dans de bonnes conditions. Quoi de plus banal que raconter ce quotidien dont on veut qu’il nous surprenne encore. Dans ce choix que nous avons fait, nous n’avons pas réfléchi à savoir comment nous allions aborder les difficultés qui seraient les nôtres ni quels seraient les moyens pour les vaincre. Nous sommes arrivés ici voici un an, sans logement, sans travail, sans connaissances, uniquement le soutien de liens familiaux et amicaux proches ou éloignés qui ont cru en notre désir de vaincre l’anéantissement. Forts de ce soutien nous nous sommes avancés dans cet avenir encore indécis ce soir. Fragile équilibre qui ne tient que sur le fil fragile de souvenirs présents à chaque seconde et chaque souffle que le Ciel veut bien nous octroyer. Car derrière ce banal journal d’une vie nouvelle, combien d’angoisses, de cauchemars, de flash, de souvenirs merveilleux ou terribles viennent contrebalancer cette recherche incessante d’un bonheur encore possible. Il faut bien oser parfois se répéter pour rappeler aux inconnus qui nous lisent et nous écoutent qu’il y a toujours une raison à l’écriture. Chacun vit sa peine comme il l’entend. Alors moi, devant l’absurdité et l’affreuse réalité des évènements qui ont déchiré ce qui vivait encore en moi, j’ai décidé de croire. Croire que quelque part cette absence m’écoute et me dicte ce qu’il est bon de faire. Que me restait-il comme choix ? Devant les sourires éteints de deux anges semblant me parler, j’ai décidé de ne pas croire en leur total anéantissement. Et j’ai continué mon dialogue emprunt de folie et de vide avec des êtres vivants dans un autre monde, leur demandant sans cesse une aide minime soit-elle, pour me montrer le chemin à suivre. Bien des coïncidences, des évènements inattendus, m’ont incités à continuer sur cette voie. Quand, au bord du doute, je perds le sens des réalités, je me tourne vers cet invisible présence qui me porte. Et je passe de la folie à la folie, de l’irréel à l’inconcevable, du vide au vide. Je me persuade que mes actions sont les bonnes et qu’elles provoquent ce mouvement alors qu’en fait, je sais qu’intérieurement, je reste là où je me suis arrêté un jour. Ce jour je ne le connais pas. Est-ce ma naissance, ma procréation, l’absence de ma mère, du père, et maintenant de mes enfants ? Est-ce vers ce jour que je cours sans arrêt, sans perdre haleine, dans l’unique but de connaître et de retrouver les joies d’une solitude définitive ? Sans avoir de compte à rendre à personne. Sans plus jamais justifier une quelconque situation. Et vivre libre. Sans sentir autour de mon âme ces assauts sans cesse répétés d’une peine sourde mais éreintante. C’est pour cela que je n’ai d’autre choix que de Croire. Et attendre ces signes dont je ne cherche pas la provenance. Voir et écouter. C’est la seule chose qu’il me reste à faire aujourd’hui. Mais je sais qu’un jour, fatigué de cette attente, je m’endormirai comme l’enfant s’endort dans l’inquiétante obscurité de sa chambre. Sentant qu'une présence veille sur lui.
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