Ce matin, un léger manteau de neige recouvrait les collines avoisinantes. Rien de très important comparé à certaines régions où la neige est abondamment tombée. Au boulot, plusieurs chauffeurs ont rencontré des difficultés sur la route, et lorsque j’ai quitté mon lieu de travail, un d’entr’eux manquait à l’appel, bloqué du côté de Millau, et le pauvre, il n’était pas prêt de rentrer au bercail. Sur la route depuis 3h du matin, ces baroudeurs des temps modernes, m’impressionnent par leur courage et leur dévouement, pas toujours récompensé à leur juste valeur. Moi, dans ce hangar glacé, je les ai attendus patiemment, les écoutant raconter leurs péripéties avec le sourire, exténués mais avec au fond des yeux comme une petite flamme d’orgueil et de fierté. Vraiment ce domaine professionnel me procure d’amples satisfactions, si ce n’est pas matériellement parlant, du moins humainement je ne suis pas au bout de mes découvertes et de mes surprises. La route. Demain soir nous allons la reprendre pour effectuer un retour vers notre région natale pour une petite semaine de vacances, la première depuis 2 ans. Puis nous reviendrons et de nouveau, une semaine plus tard nous remonterons pour un week-end ! Simplement pour fêter un anniversaire de création de club, trente ans, mais auquel la plupart des membres fondateurs seront absents, car disparus trop tôt. Dont mon beau-père. Créateur de ce club de cyclotourisme à une époque où cette discipline était en pleine expansion, où les randos se faisaient la sacoche sur le guidon, les cheveux au vent ( sans pour cela que les accidents soient plus nombreux), où les plaisanteries allaient « bon train », où les mots « échange », « partage », « amitié », « entr’aide »…avaient encore toute leur signification. Péniblement, 25ans après la naissance de ce club, me retrouvant président, j’ai essayé de revenir à une discipline plus humaine de cette activité, mais je me suis heurté à un mur d’indifférence. Bon, je me suis effacé, me refusant le droit d’imposer à quiconque un modèle de conduite, le monde avait bougé, mais pas forcément à la bonne vitesse et dans le bon sens. Chacun fait ce qui lui plaît, plaît, plaît…Il est libre Max, et pour moi le vélo ce serait autre chose…Ca resterait un cadeau de Noël de mon beau-père, des conseils écoutés avec sérieux, des récits de randos enregistrés avec au fond de moi l’envie impatiente de m’avancer sur les marches de sa passion. La route rassemble pour qui connaît ce qu’elle représente symboliquement. Elle laisse sur le bas-côté, celui qui ne l’a pas respectée. Elle se fait des amis de ceux qui la respecte pour ce qu’elle leur apporte. Pauvre témoin de drames innocents, elle reste néanmoins l’image la plus forte pour symboliser la façon dont les Hommes voient leur avenir. On a tout à apprendre d’elle.