Ce matin, j’ai tué. Je conduisais, tranquille, sur les petites routes me menant à mon point de départ pour la randonnée préparée la veille. Un peu perturbé par les quelques gouttes de pluie qui s’écrasaient sur le pare-brise, je jetais un coup d’œil de temps en temps dans le rétro intérieur pour vérifier si le vélo ne bougeait pas sur son support, à l’arrière de la voiture. Je m’inquiétais également de ce passage nuageux qui n’était pas prévu au programme, en espérant que ces nuages d’altitude laissent vite la place à un franc beau temps. Mais je restais vigilant, connaissant les imprudences routières des conducteurs que nous croisons par ici. Et je n’ai rien vu venir. Les deux oiseaux ont pris leur envol à une dizaine de mètres devant moi, surgissant d’un fossé, côté droit. L’un est passé, l’autre a frappé le capot, roulé sur la tôle humide jusqu’au pare-brise, puis, inerte, est tombé sur la route. La main sur la bouche, étouffant mes jurons, je n’ai pu que constater la chose sans quitter la route des yeux, l’esprit vide. Tout chamboulé, je suis arrivé à destination, il ne pleuvait plus, le ciel s’éclaircissait. J’ai pensé à cet oiseau resté seul, se demandant où était passé son compagnon. J’ai grimpé sur la bécane, et je me suis mis en route, sans motivation. Puis les premières brumes de la Sioule m’ont ramené à la réalité, à la Vie. A cette heure, pas une voiture, pas un passant, que la nature et moi. J’ai longé la rivière un bon moment, m’enivrant de ces bruits vierges et purs, parfois inquiétants. C’est alors qu’à ma droite, s’élançant d’une branche d’ arbre qui longeait la route, un épervier s’est mis à m’accompagner durant une cinquantaine de mètre, à hauteur d’épaule, juste à un mètre, puis il m’a doublé, a traversé la route puis est allé se poser, me regardant continuer ma route, médusé. Il m’avait rassuré sur le destin de ce petit oiseau, laissé sur la route humide. Peut-être qu’il voulait me chuchoter à l’oreille, un message de réconfort…Quelques minutes plus tard, surgissant du fossé, deux oiseaux au plumage gris et bleu, sont passés devant moi, comme pour me confirmer un pardon espéré depuis l’incident du matin. C’est l’esprit tranquille que j’ai continué ma route, seul dans une brume me dévoilant petit à petit la beauté de ces gorges qui me menaient tout droit au paradis.
très émouvante cette note, merci pour ce partage.
Rédigé par : CHAOS | dimanche 12 octobre 2008 à 21H05
Qu'est-ce qu'elle est belle cette note!
"Certainement pas peut-être" comme on dit chez nous. Cela veut dire, certainement, bien sûr, naturellement....que ce sont des signes positifs que tu as rencontré.
Rédigé par : bonjourchezvous | dimanche 12 octobre 2008 à 21H17