Appuyé à la fenêtre j’ai assisté au lever du soleil,
vers7h30, plus exactement à son passage derrière la colline, là-bas tout au
fond, vers l’Est. Puis vers 8h nous sommes partis en promenade profitant de
cette belle matinée de clarté, moment précieux qui ne devrait pas durer. Car il
faut que nous décompression un maximum en ce moment. Le propriétaire donne un
grand coup dans ses travaux pour le logement qu’il est entrain de réhabiliter
juste à côté de chez nous, et les désagréments que cela provoque dans notre
petite vie bien tranquille, ne sont pas facile à gérer. C’est l’année de trop,
celle dans laquelle nous nous sommes engagés croyant pouvoir supporter cette
distorsion dans notre parcours sans histoire depuis deux ans. Le stress
provoqué par ce dérangement pratiquement journalier peut engendrer, si nous ne
restons pas vigilants, un dérèglement psychologique qui nous mènerait à des
considérations qui n’auraient pas lieu d’être, vis à vis de cet homme qui
essaie tant que bien que mal, « d’arrondir les angles », comme on
dit. Ce serait si facile de tomber dans le ressentiment, l’amertume ou le
dégoût, tout simplement. Pourtant ce souci matériel me prend la tête. Les nuits
sont courtes, voir agitées au point de ne dormir que quelques heures. Nous nous
croyions peut-être assez costauds, guéris, pour supporter cela, mais il n’en
est rien et ce problème nous met au pied du mur. Nous sommes encore bien
fragiles. Il nous faut donc, doucement, tirer un trait sur ces trois ans passés
ici, dont deux années merveilleuses. Nous devons prendre les devants une fois
de plus et assumer notre proche futur, arrêter de reporter au lendemain ce que
nous pouvons entreprendre aujourd’hui, aller voir ailleurs, où les vents sont
meilleurs. (ça te rappelle rien, Franco ?). Et tout cela avec le calme et
le recul nécessaire à toute prise de décision. Même s’il faut se passer de ces
levers de soleil, de cette nature se réveillant dans un silence uniquement
perturbé par le chant des oiseaux, de ces paysages majestueux qui ont réveillé en
moi un aspect de cet attirance pour la nature que je ne me connaissais pas. Et
qui sait ? Peut-être cela nous mènera-t-il vers des choses meilleures. Et
puis je me dis que cette année de trop passée ici et quand même une année de
moins, quoiqu’il en soit. Et cela me semble bien plus délicat à traiter.