Ma compagne me dit souvent : « ta bouche
disparaît… ». Petit à petit mes lèvres rentrent vers l’intérieur de moi,
comme si elles voulaient ne plus servir, ne plus être au service d’une
quelconque parole, complices d’une langue encore bien active, je crois. Drôle
de phénomène, peut-être annonciateur d’une maladie prochaine ou simplement
témoin d’un état d’esprit se transformant avec le temps. Il existe une
gymnastique des lèvres. Comme il existe des remèdes à tout. Les remèdes c’est
comme les causes, ils vont de pair, ils sont inséparables et dépendants l’un de
l’autre. Mais bon, cette bouche qui se ferme, ce doigt posé sur la bouche à
chaque phrase un peu trop longue, cette difficulté à aligner deux mots sans
fourcher ni faire de lapsus, est-ce que ce sont les symptômes d’une vieillesse
approchant plus vite que je ne le pense. Victor disait : la cinquantaine
c’est la vieillesse de la jeunesse et la jeunesse de la vieillesse.
Débrouillez-vous avec ça. Merci l’auteur. Il y a de quoi philosopher. Alors j’attends,
fataliste, le jour où de cette chair un peu rouge qui soulignait un sourire
timide qui n’en pensait pas moins, disparaîtra totalement, engloutie par un
monstre de silence et d’inutile. Il me restera alors les regards. Mais la vue
baisse déjà pas mal. Des lèvres pâles, j’ai eu l’occasion d’en observer. C’était
quelques jours avant mes apocalypses. Le signe avant coureur qu’une fin était
là, attendant son heure. Elles voltigent dans mes cauchemars et me cognent
l’estomac, si fort que je m’en mords les lèvres…et je tire ainsi un trait sur
un visage buriné par l’invisible douleur du temps.
Ne t'inquiète pas, tu n'est pas seul au monde, je surprend souvent Franco avec la même "mimique" de la bouche !!!!! c'est peut être tout simplement de la concentration !!! Bises
Rédigé par : Hélène | vendredi 19 mars 2010 à 09H25