Il y a quinze nuits
M’assommant d’une fièvre étrange
Deux petits anges m’ont dit :
« Ton projet nous dérange »
Le ciel va se déchirer
Ne vois-tu donc pas
Que demain, reposé
Ce que tu veux, tu feras
Nous veillons, invisibles
Et t’enverrons les signes
De ta liberté.
Comme chaque fois avant de partir pour une rando digne de ce nom, la nuit précédent le départ a été courte. Vers 3h du matin je me suis réveillé, excité face à ce périple longuement préparé et souvent reporté. Vers 5h, ne tenant plus en place, je me suis levé, et après un petit- déjeuner copieux, je suis parti en voiture dans la nuit, en direction de Murol, point de départ de l’ascension prévue. En longeant les côtes de Clermont, mon regard se portait de temps en temps vers la plaine où un immense champ de braises s’éteignait petit à petit, au fur et à mesure que l’aube pointait ses rougeurs timides sur les Monts Du Forez, à l’Est. Peu de temps après je suis passé au pied du géant Auvergnat, mastodonte veillant depuis des millénaires sur ses ouailles. De chaque côtés de la route de hauts sapins humides et fiers m’ouvraient maintenant la route vers le Lac d’Aydat, leurs pieds baignant dans une brume à la fois légère et dense. Je suis arrivé à proximité du château de Murol, mais l’obscurité encore bien présente m’empêcha de profiter totalement du spectacle qui s’offrait à moi. Dans la ville, plus bas, j’ai cherché un endroit pour me préparer, les rues silencieuses du lourd sommeil de ses habitants ignoraient ma présence. Puis, en quelques minutes, le jour se leva. Je me mis en route, un peu péniblement au début, mais la fraîcheur du lac Chambon et l’image unique de cette nature en plein réveil, me remplirent de courage. Au milieu de cette étendue d’eau vaporeuse, deux pêcheurs semblaient attendre l’éternité plus que l’objet de leur passion et en toile de fond le Massif du Sancy semblait observer la scène. La pente s’élevait, douce, jamais cassante, comme si elle s’offrait voluptueusement au premier intrépide de la journée venu la chatouiller. Doucement je me suis élevé dans un silence uniquement perturbé du son des cloches de ces dames grasses préparant les spécialités du pays. Ici, l’herbe sent l’herbe. Le soleil maintenant s’élevait rapidement dans un ciel pur, moucheté de 4 montgolfières venues de nul part. Puis vint le sommet et la solitude angoissante des grands espaces. Retenir l’instant. Pour plus tard. Se souvenir de ce ciel d’un bleu immaculé. Puis ce fût la plongée vers la vallée et la ville, une descente fraîche, revigorante, enivrante. A quelques encablures des premières habitations, le soleil franchit les montagnes, illuminant de ses puissants rayons toute une partie de la montagne dans une lumière presque aveuglante. Une fois restauré, je me remis en route pour la seconde ascension, afin de rejoindre mon point de départ. Cela passa beaucoup trop vite, malgré la pénibilité plus marquée de ce versant. Au sommet je me suis tourné vers le lac côtoyé ce matin, immobile dans le fond de la vallée, comme un miroir dans lequel le ciel et ses anges pouvait maintenant se préparer pour accueillir le monde des Hommes. Je n’étais plus seul désormais, de nombreux touristes pommadés et rasés de près jouaient leur rôle…
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