Souvenir de couloirs aseptisés. De guichets d’accueil en salles d’attente, nous avons marché vers des lendemains espérés et finalement anéantis. Nous avons écouté la médecine et la science comme l’élève écoute l’instit, respectueusement et timidement. Les regards ne se croisaient pas longtemps, les discours n’étaient pas longs. Simplement il fallait remettre au lendemain ce que l’on n’aurait jamais pu faire le jour même. Chercher. Répertorier. Nous avons vu un hôpital sortir de terre. Puis nous avons inauguré ses locaux, ses guichets d’accueil, ses salles d’attente. Nous connaissions ce labyrinthe à nous y promener les yeux fermés. La route idem. Nous savions comment faire pour arriver à l’heure aux rendez-vous. Eviter les embouteillages. Et l’odeur. Pas désagréable, non, juste simplement logique. Une odeur logique…c’est pas très littéraire, mais tellement réaliste. Les couloirs blancs ont tous la même odeur. Ces visites devenaient presque un divertissement. Un moyen de manquer l’école. De ne pas aller au boulot. Quand on s’habitue, on perd la raison. Mais finalement on est toujours rattrapé par le réalisme d’une situation. Il arrive un moment ou on ne peut plus dissimuler les sentiments. Et les regards des interlocuteurs furent de plus en plus fuyants. Les aller-retours devenaient fastidieux, sans surprises, à en devenir fataliste. Vivre pour oublier, vivre à tous prix, brûler les étapes, paraître détaché, insensible, faire croire à la légèreté de l’être, noyer la tragédie dans un océan de supercherie, d’hypocrisie…Nous avons traversé une folie muette, sourde et aveugle. La solitude a été notre lot quotidien bien plus qu’elle ne l’est ce soir, car inavouée. Vivre dans le secret. L’absence de parole. Le manque de repère. Vivre dans l’inconnu, l’incertitude. Et ne savoir que faire quand la machine s’emballe et s’immobilise, définitivement. Alors vous portez le poids de ce combat comme une maladie imaginaire, à vous peser chaque jour, de peur de sombrer dans ce laisser aller qui vous a toujours angoissé. Mais votre poids ne bouge pas. Cela inquiète. Cette pesanteur n’existe pas. C’est simplement une grosse fatigue.
... une terrible violence subie aussi
... je n'ai pas de mots (existent-ils d'ailleurs?)
J'ai connu l'injustice de la maladie et l'impuissance à consoler mon frère de la douleur de la mort d'un de ses enfants ...
... juste envie de te dire que je t'ai lu et t'envoyer une pensée tendresse
Rédigé par : coquelicot | mardi 18 décembre 2007 à 13H09
Bjr Alain,
je te lis et suis toujours touché par tes émotions.
Ton analyse des comportements est très juste.
Tu n'es pas rentré bredouille de ta chasse aux images. Elles sont belles, bravo.
Rédigé par : Angelo | mercredi 19 décembre 2007 à 10H06