En 2002, je pense que Là il y avait matière à scandale. Car
il n’y avait aucune excuse. Je revois les mines dépitées de mes enfants. Et
seul ce sentiment m’intéresse. Ils n’avaient rien d’autre pour les faire
rêver, pour leur faire oublier la maladie. Quatre ans plus tôt je les avais vu
courir dans la rue au soir de la victoire. Et je me disais que seul
l’émerveillement pouvait produire ce miracle. En 2002 je comptais bien entendu
les revoir heureux, insouciants et fiers de leur croyance indéfectible pour leurs
bleus. Mais l’image d’une équipe totalement absente et irrespectueuse du
souvenir d’autrui plongea mes deux champions dans le désarroi. Il allait
falloir attendre quatre longues années avant de retrouver les héros. Ouais
cette année 2002, Sébastien, certes, n’aurait déjà plus couru dans la rue pour
crier la victoire des bleus, mais je l’aurais accompagné, dans le Toyota, à
travers le village, drapeaux aux vitres de la voiture. Pour Dam, la course
aurait été moins rapide, mais il serait resté avec ses copains, pour cette fois
là encore. Mais en 2002, Zizou, mordant la poussière, était plus acrobate que footballeur,
ne se souciant guère que de son image de marque. Oui en 2002, il y avait
matière à scandale. Car ils ont privé mes gosses d’une dernière coupe du monde.
En 2006, j’ai vu Zizou jeter son coup de boule dans la poitrine de l’insulteur,
en me disant qu’après tout ce dernier l’avait bien mérité, et que moi à sa
place j’aurais continué mon action. On insulte pas les Dieux. Surtout quand Ils
ont comme spectateurs deux anges impatients de revivre leurs émotions de 98.
Mais la vie nous dépasse parfois. Mes deux supporters de 98 sont passés à autre
chose aujourd’hui. Ils s’occupent de nous, loin des jeux du stade, où de drôles
de décadents nourrissent l’image de notre monde, et toutes ses simagrées ne les
touchent plus. Ils se sont placés bien au-dessus de cela, et c’est leur Paix
qui guide mon discernement ce soir. En 2002, là était le scandale. Car les
bleus n’avaient aucune excuse. J’aurais peut-être dû leur faire un courrier à l’époque,
avant la compétition, pour les prévenir. Qui sait ?
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