La Vie se construit autour d’évènements dont on ne peut supposer les aboutissants. C’est pour cela que je me suis toujours attaché à être à l’écoute du monde qui, seconde après seconde, forge nos faits et gestes de lendemains, aussi lointains soient-ils. La moindre coïncidence bénigne prend alors des allures fantastiques, au point que, le corps lourd et l’esprit vidé de sa substance réactionnelle, nous restons là, muets et interrogatifs devant le fait.
Je me revois un matin d’Août 1973, sur le pas de la porte de notre maison, parlant avec ce médecin qui venait de visiter ma mère vivant ses dernières heures de lucidité, avant que la faucheuse ne vienne mettre fin à une douloureuse et épouvantable histoire d’amour. L’Homme de science me demanda mon âge, ma situation de famille et me souhaita bon courage, un léger sourire compatissant sur les lèvres. Trois mois auparavant, il avait fait de même après la visite de mon père, sans pouvoir me parler, le regard fuyant me dévisageant du coin de l’œil.
Il y a de cela 36 ans donc.
Ce matin nous avons visité une maison pour la seconde fois, en compagnie de ses propriétaires, jeunes gens récemment partis sur la région parisienne, d’où la vente de ce bien. Tout en parlant, nous avançons le fait que nous venons du Nord. Surprise, la jeune maman nous dit connaître une de ses cousines qui était marié à un docteur de la localité d’où nous sommes originaires et nous cite le nom de ce docteur. Alors je me suis revu sur le pas de cette porte, face à l’homme dont je viens d’entendre le nom. Point barre une fois de plus, le reste vous en pensez ce que vous voulez. C’est tout.