Il a d’abord fait très chaud. Puis le tonnerre a grondé plus bas dans la vallée. Nous n’avons subit que quelques averses d’orage, mais le plus gros du déluge se déversait sur les flancs des montagnes avoisinantes. Puis le tonnerre s’est éloigné nous laissant comme dans un moment d’attente silencieuse. Et doucement la lumière s’est amoindrie jusqu’à nous en inquiéter. Dehors une sorte de brume épaisse a recouvert la moindre parcelle de paysage et ce changement de décor imprévu m’a poussé à assouvir ma curiosité. J’ai marché sur des sentiers vaporeux dans le silence d’une soirée qui s’avançait bizarrement. Au loin les grondements sourds d’un nouvel orage se rapprochaient. Pas d’éclairs, que de vagues éclats de lumières au travers d’un voile épais et mystérieux. Quelques oiseaux nocturnes commençaient leurs repérages prudents et calculés. J’ai jeté un œil sur ma gauche, là où les arbres perdaient leur cime dans un ciel imaginaire mais proche. Un bruit de froissement dans les fourrés me fit sursauter et les grondements du tonnerre, plus proches maintenant, me firent presser le pas. Je savais qu’une fois encore je vivais une situation inédite, insoupçonnée encore peu de temps avant et que cette chance qui m’était offerte, je devais la projeter dans mes jours à venir, pour ne pas oublier ces moments de pure beauté, inquiétante certes, mais tellement proche d’une certaine Vérité. Et pourtant que de fragilité dans ces instants rares et extraordinaires. J’aurais aimé, oui, voir apparaître dans cette brume, au détour d’un sentier, des fées enveloppées de leurs longues robes blanches, glissant sur ces sentiers tortueux qui me mènent vers un destin que je parcours, l’âme libre et tranquillisée de Les savoir avec moi. Ils me guettent derrière ces arbres immenses, s’amusant de me voir déambuler dans leur monde, sans que je sache ni sente leur présence protectrice. Et les fées leur interdisent de se montrer à moi.
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