7h30, ce dimanche matin, pour récupérer d’une difficile sortie à vélo de la veille, je profite de ces heures sans intempérie et je me dirige vers la forêt toute proche. J’ai envie de sentir l’humidité des sous-bois, d’écouter cette nature qui se réveille doucement dans une brume un peu froide et mystérieuse. D’habitude je grimpe sur les petites collines avoisinantes pour contempler les dômes, mais ce matin j’ai envie d’autre chose. De découverte, d’inquiétude, de surprise. Le chien s’en donne à cœur joie, flairant de nouvelles odeurs, filant sur des sentiers inconnus. Soudain je m’arrête un moment car je crois entendre un sourd martèlement régulier au milieu des cris des oiseaux. Boum boum boum rabadaboum…Je sais que pas très loin de Paugnat existent encore quelques carrières en activité et je me dis que ce sont ces machines qui font des heures sup. Payées double puisque Dimanche. Mais ce bruit est trop régulier et aussi trop musical pour être le résultat d’un travail assidu. Je continue donc à m’avancer dans la faible clarté de la forêt, et le son semble de plus en plus distinct au fur et à mesure que je m’en approche. Il n’y a plus de doute maintenant, c’est bien une grosse sono qui diffuse à plein régime une techno infatigable. La scène paraît surréaliste. Moi seul avec le chien qui s’en fout, au milieu d’une forêt se réveillant doucement et dans ce presque silence, ce martèlement inquiétant à peine couvert par une musique synthétique. Je comprends qu’une rave partie sauvage finit sa nuit pas très loin de moi. Je continue mon chemin avec l’envie d’aller voir de plus près ce qui se passe. Mais je m’aperçois soudain que…je ne sais plus où je suis. Ce n’est pas la première fois que je me perds dans cette forêt. Je reviens sur mes pas, recherche les sentiers par lesquels je suis passé il y a plusieurs minutes et après quelques hésitations, je reviendrai sur le bon chemin. Au loin les tam-tam électroniques résonnent toujours et dans le ciel deux gros bourdons de la gendarmerie nationale cherchent sans doute quel est ce volcan qui se réveille soudain. Ce volcan qui ferait bien de réveiller quelques consciences de ses grondements sauvages plutôt que d’en être réduit à grogner inutilement au milieu de la forêt. Ce matin j’ai eu ce que je désirais : découverte, surprise…inquiétude…et impuissance. Le chien a pris son pied…On a vu souvent , rejaillir le feu, de l’ancien volcan , qu’on croyait trop vieux…
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