Lors de l’ouverture de ce blog je me souviens avoir écris à propos de mes raisons sur notre futur départ : « …Mais je n'aimais plus mon village. J'ai senti cet attachement se dissoudre au fil de ces dernière années passées à observer son irréversible engourdissement. » ( J’ai fais un copier coller, pour que la vérité ne se déforme pas au passage..). Cette réflexion brute a été totalement justifiée par la longue conversation que nous avons eu, jeudi dernier, lors de la venue des amis du Nord. Natifs de la même petite bourgade que moi, ils assistent impuissants à la dissolution de tout ce qui faisait le charme de ce village, rencontres autour d’un comptoir dans les bistrots où l’on respirait autant la joie de vivre que la fumée ( drôle d’image me direz-vous mais je n’en vois pas d’autres, je suis pas Zola), fêtes et kermesses périodiques où toutes les couches sociales se rencontraient sans soucis du regard des Autres, associations qui par leurs activités devenaient le second lieu de vie de beaucoup…tout cela est entrain de s ‘éteindre lentement et ce n’est la faute de personne…ou de tous. Ce n’est pas la raison pour laquelle j’ai quitté Marpent ( autant lui rendre son nom). Si vous avez de temps en temps suivi ce blog, vous en avez sans doute deviné la cause. Mais au fond de moi je garde quand même cette impression bizarre d’avoir abandonné à leur sort toute une frange de la population qui ne demandait qu’à faire revivre les traditions. Elu durant 6 années au sein d’un conseil municipal qui ne partageait pas toujours mes points de vue, j’ai abandonné ma tâche, car trop difficile et trop envahissante. Cela devenait presque un sacrifice, un sacerdoce, comme disait l’ancien maire du village. De tout cela nous avons parlé ce Jeudi, et surprise, l’ami m’a confié que lui aussi comptait vivre ces dix prochaines années loin de cette métamorphose néfaste qui se profile à l’horizon. Patron du petit bistrot qui existe depuis des lustres au centre du village, il est conscient que cette décision perturberait une fois de plus ce qui reste d’animation dans le bourg : fini les moules frites les soirs de ducasses(fêtes foraines dans le Nord), fini les tripes des fêtes de fin d’année après la cérémonie des vœux du maire, fini le beaujolais nouveau, fini les parties de cartes enfumées et passionnées, fini les engueulades à l’approche des élections et les raccommodages autour du même verre…Il ne restera qu’un triste café/tabac/journaux/pain/loto/point barre. Une église qui déjà ouverte « qu’une fois sur deux » sonnera tristement pour les absents. Une mairie bien trop grande pour une population totalement indifférente de son importance, où les drapeaux sales flotteront jusqu’à une déchirure synonyme de remplacement. L’ami quittera bientôt ce lieux de vie où il a grandi pour y revenir, comme nous, bien plus tard, dans l’espérance de retrouver une ville nouvelle, nettoyée de tous ces souvenirs ancrés au plus profond de nous même depuis notre enfance. Ce n’est pas à nous qu’incombe cette tâche, nous avons déjà donné beaucoup. Au détriment de personnes que nous aimons.
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