Les nouvelles du Front ne sont pas très rassurantes. Je n'ai pas l'habitude de commenter l'actualité donc je ne ferai que me souvenir. Je sortais à l'époque d'une période électorale on ne peut plus absurde. Les municipales étaient passées depuis un an et je me remettais à peine d'une guerre fratricide qui avait remis à plat toutes mes envies d'engagement politique. Mais ma foi, il fallait bien se choisir un nouveau président pour notre vieille France conservatrice et je militai dare-dare pour le candidat de ma sensibilité. Le premier tour approchait et mon Dieu je n'avais guère d'illusion sur l'issue du scrutin. Pourtant quelques mois auparavant, j'étais confiant, Lionel n'avait pas encore dit de bêtises, les sondages étaient favorables, tout allait très bien Madame la marquise. Jusqu'à ce matin où la radio annonça la fusillade de Nanterre. Je me revois me tourner vers le collègue de travail et lui dire: "c'est foutu". Mais en fait y'avait pas que ce fait divers qui m'inquiétait. Les couloirs de l'usine résonnaient de discours xénophobes et populistes à tel point que je finis par déchirer dans un premier temps ma carte de syndicaliste. Mais je gardais pourtant confiance. Le 21 avril 2002, je suis rentré dans une salle des fêtes silencieuse vers les 17h. Une amie s'est avancée vers moi: "T'as entendu les estimations?" J'avais rien entendu du tout, gros naïf que j'étais. La suite on la connait Je suis sorti vers 21h de la salle, jetant les mille morceaux de ma carte d'électeur dans le caniveau, et Rousseau n'avait rien à voir là-dedans. Et qu'on ne me fasse pas la morale. J'aurai donc la France que je mérite. Faisons confiance à notre jeunesse ( et à nos pêcheurs endimanchés).
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