Je ne sais pas si un jour nous serons grands-parents. Nicolas, le fils qu'il nous reste, avance dans l'âge et malgré son ardent désir de fonder une famille, ne voit rien poindre à l'horizon. Ce sentiment de manque que nous ressentons, nous nous y sommes préparé depuis quelques années déjà. Aussi, lorsque que Fab a décidé de devenir assistante maternelle, nous y avons tout de suite vu une échappatoire, un moyen détourné de rester au contact de ce monde mystérieux et surprenant, innocent et parfois difficile que représente l'enfance, des premiers jours aux premiers pas, aux premiers mots, des premières phrases aux premiers silences évocateurs. Nous avons eu la chance de connaître pour cette première expérience, des parents confiants auxquels nous n'avons pas tardés à expliquer notre situation. Et depuis deux ans nous voyons grandir ces petites têtes blondes au rythme des saisons, nous mettant bien dans l'esprit qu'un jour sonnera l'heure de la séparation. Nous avons eu ce week-end la garde de deux de ces enfants dont les parents avaient besoin d'un repos mérité. Reconnaissance d'une confiance envers Fab, ce n'est pas toujours évident dans ce genre de travail. Nous avons donc "joué" aux papymamy, à tel point que par courts instants, mais terribles par leur évocation, nous avons eu le sentiment qu'il ne s'était jamais rien produit, que la vie suivait son cour, que ces cris nous les avions toujours connus, immergeant d'un passé très lointain. C'est sans doute pour cela que Nicolas semblait un peu bizarre le Dimanche midi à table. Pensant à ces dimanches où cette table aurait pu être plus grande, plus bruyante, normalement familiale. Mais nous ne sommes pas des gens normaux. Et nous ne nous apitoyons pas sur ce sort. Nous partageons ce que nous avons. Savons aurait pu convenir aussi.