Je ne vous ai pas parlé de l’arbre. L’événement est tellement curieux que j’en avais oublié l’existence, comme si je n’y croyais pas vraiment. Lors de notre dernière visite à Marpent, dans le nord, nous avons été visiter l’ancienne maison de mes beaux parents, qui depuis plus d’un an attend un futur acquéreur. C’est toujours avec beaucoup d’émotion que nous entrons dans cette imposante bâtisse froide et vide. Il suffit de se planter dans une pièce pour revoir tous les enfants, petits-enfants, amis qui ont fait résonner ces murs épais, tant, que ce silence particulier de ces volumes abandonnés ne semble pas complet. Ma belle-mère, d’origine auvergnate, est venu faire sa vie ici dans les années cinquante, donnant naissance à six enfants, qui eux mêmes ont eu deux enfants ( nous, trois), je ne vous explique pas les belles réunions de famille que cela occasionnait, sans parler des réunions d’amis que mon beau père, personnage très populaire du village, organisait, parfois à l’improviste, mettant ainsi la maison sans dessus dessous. Sa disparition brutale en 95 mit fin à ce genre d’événement, et bien que les naissances de tous les petits enfants qui se succédèrent dans un laps de temps assez court, créèrent des occasions de réunir la famille assez fréquemment, petit à petit elles se firent de plus en plus rares. Nous partis, ma belle mère ne voyait plus l’intérêt de garder cette grande maison et la mit en vente. Mais revenons à ce qui nous intéresse : l’arbre. Dans le jardin derrière la maison, face à la fenêtre de la cuisine et un peu en contre bas de l’habitation, il y a un pommier qui, bien des années durant a donné des pommes autant que nous ne savions plus quoi en faire. Ses branches surchargées de fruits, frôlaient le sol à la pleine saison, pliant sous le poids. Nous devions conduire ce surplus de fruits au bout du jardin, et laisser pourrir ce tas de pommes. Jusque l’année dernière, où, peut-être ne voyant plus le volet de la cuisine s’ouvrir tous les matins et se sentant abandonné de sa propriétaire, le pommier est mort. Plus un fruit, pas une feuille sur ses branches. Rien. Mystère. Attend-t-il un nouvel occupant ? Mais cette coïncidence, une fois de plus, nous semble vraiment troublante. « Au près de mon arbre, je vivais heureux, j’aurais jamais dû le quitter des yeux… ». Troublant, non ?
Superbe note. C'est toujours un plaisir de venir lire des textes sensibles et bien écrits.
Oui, je suis persuadée que tout communique dans la nature et qu'un arbre peut se laisser mourir parce qu'il se sent abandonné.
Nous avons encore tant à apprendre, à comprendre. Tant à vivre.
Bon week-end.
Rédigé par : Lili Gertrudis | samedi 21 novembre 2009 à 14H33