Comme souvent le Samedi matin, profitant du temps libre de cette journée de repos, j’ai passé de longues minutes à la fenêtre de notre chambre, le regard tourné vers l’Est, admiratif devant ce soleil qui s’élève doucement sur les collines encore enneigées de Paugnat. Quelques légers nuages atténuent de leur blancheur immaculée ce décor dont je ne me lasse pas. J’assiste, silencieux et pensif, simplement. C’est l’exemple d’un moment Présent, celui auquel je veux bien adhérer, sans réfléchir à un quelconque lendemain. Ni à ce passé nébuleux. Ces quelques instants suffisent à me donner le courage nécessaire à cette journée.
Voici plus d’un mois que le froid intense règne en maître sur le pays. J’ai passé une difficile semaine à attendre patiemment, dans cet immense hangar, que ma journée de travail se termine, emmitouflé dans mes vêtements chauds, sans me plaindre, en pensant JUSTEMENT, on y revient, à ceux qui n’avaient pas ma chance. Ben oui, il y a un temps pour penser à soi, et un autre pour penser à autrui. Penser aux malheurs des hommes devant le petit écran ne m’intéresse guère. Trop facile. Sacrifier mes forces pour les rendre inaptes à quelqu’action que ce soit serait inutile. Vivre la situation au plus près de la réalité me semble plus adapté. Même si l’occasion et les moyens ne nous sont pas toujours donné de le faire, au moins pouvons nous réfléchir en subissant un semblant de mise en situation. Ainsi dans ce vaste entrepôt, attendant le travail ( !) dans des températures sibériennes, j’ai pensé à ces sans abri, à ces familles pauvres et démunies, à ces travailleurs précaires accomplissant leurs tâches sans pouvoir revendiquer un sort meilleur, à ce monde que l’on nous impose à force de crises artificielles et exterminatrices. Je me suis dit que ces forces retrouvées durant ces deux années écoulées, allaient me servir à essayer de sauver au moins un acteur de ce désordre social, et pas des moindre puisqu’il s’agit de mon fils. Pas Gaël, non pour lui cela s’annonce pas trop mal, mais le mien de fils, le fiston comme j’aime l’appeler, comme un père surnomme son fils à 50 ans.
Depuis une semaine que nous l’avons chez nous, nous essayons à petit pas d’entrevoir un avenir possible pour lui, s’il veut s’en donner les moyens. La recherche de logement est terminée et son installation semble envisageable à court terme. Mais est-ce là l’essentiel ? Un travail simplifierait les choses, mais résoudrait-il ce tourment qui grignote petit à petit un esprit embrumé dans un monde sans contour ni horizon ?
C’est à cela que je pensais ce matin à observant, le mien, d’horizon. Et en balayant le hangar qui me sert de lieu de travail. Pour ne pas avoir froid.
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