Ce Dimanche 12 juillet 1998, j’étais rentré d’une animation de mariage vers 4h du matin…Debout vers 8h nous avons pris les vélos pour effectuer une rando de 100bornes. Je me sentais en forme, le vélo était neuf, il faisait beau. Les 50 premiers kilomètres se sont bien déroulés, je me sentais à l’aise sur cette nouvelle bécane, dont je me sers encore aujourd’hui et avec laquelle j’ai effectué par la suite plusieurs milliers de fastidieux kilomètres. Après le casse croûte du midi, dans la ville du Quesnoy, nous sommes repartis pleins de bonnes intentions. Fabienne roulait devant, facile, et moi je commençais à me traîner 200 mètres derrière. Qu’elles furent dures à avaler ces 50 dernières bornes ! Le travail de la nuit refaisait surface et surtout ce vélo auquel je n’étais pas habitué, me procurait mille et une douleur, en particulier celle que tous les cyclos redoutent dans ces longues randonnées, le mal de fesses pour rester poli. Ma selle de cuir, aujourd’hui bien rodée, me semblait ce jour là n’être qu’un simple bout de bois me travaillant l’anatomie de façon bien particulière. A 15 km de l’arrivée je m’arrêtai et me couchai à l’ombre d’un arbre me jurant de ne plus redémarrer. J’ai souvent regardé cet arbre lors de diverses randonnées, me remémorant le rire peu motivant de Fabienne au vue de ma décrépitude. Tant bien que mal, nous sommes arrivés au bout du calvaire, quelques heures avant le match de foot. Car ce jour là n’était pas un jour très ordinaire. Il traînait dans les rues un étrange silence fait sans doute d’inquiétude et d’impatience. Avec un mal de crâne dû à la fatigue de l’effort de la journée et au manque de sommeil, j’ai assisté, surpris à la victoire des bleus, en amateur, ne m’intéressant pas plus que ça au foot à cette époque, juste assez pour narguer les enfants assidus devant le petit écran. Je me souviens de leur joie incontrôlée au coup de sifflet final. Et nous avons fini la nuit dans les rues, au milieu des cris et des klaxons, sentant bien que cet événement n’était pas anodin. Cela s’est passé il y a 10 ans. Le vélo roule toujours, moi un peu moins, Fabienne plus du tout. Mais je compte bien la remettre en selle, juste pour la voir devant moi, à 100m, gravir des cols dont elle ne soupçonnait pas la facilité avec laquelle elle en est venue à bout. On en a tellement fait ensemble, par tous les temps. Alors ce soir je regarderai cette commémoration de ce 12 juillet 1998, les bleus de l’âme dans les yeux d’un présent ineffaçable.
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