Nous arrivons fin Juillet et je m’aperçois que ma dernière note date du 19. Depuis j’ai bien réalisé mes deux cols dans un petit matin éclatant de sérénité, puis la semaine d’après, j’ai terminé, le vélo à la main, une petite grimpette à 20% dont je défie quiconque de franchir, tout professionnalisme mis à part bien entendu. Entre-deux, nous avons eu des visiteurs à la maison. Visites courtes, que nous aurions aimé prolonger de manière à mieux faire partager les sentiments que ce nouveau coin de vie nous inspire. Mais nous savons que ce n’est que partie remise. Pour ma part, esprit toujours perdu dans des extravagances mystiques, j’ai vécu ces visites comme des témoignages que les visiteurs prolongeront sans doute au travers de discussions familiales et nourricières d’un repas dominical d’automne, là-haut dans notre bonne vieille région du Nord. Pour les jours à venir nous attendons encore d’autres parents et amis, ces journées bien remplies qui s’annoncent nous plongent dans un climat de vacances, que nous n’avons pas pris depuis…2006. C’était notre voyage dans les Cévennes, près de Millau, une semaine passée à nous retrouver après des années éreintantes d’attente sans avenir vraiment dessiné. C’est là que nous avons sans doute, au fond de ce qui restait de notre volonté de vivre, décidé de changer le cours de notre destin. Il y a deux ans. Je ne sais pas si ce cierge brûle encore dans la petite chapelle de La Cavalerie, mais la petite flamme d’espoir allumée ce jour là génère toujours en notre âme une force que je ne sais toujours pas expliquer ce soir. Et les années passeront, avec leurs lots de joies et de tristesses, car l’un ne va pas sans l’autre, évidemment. L ‘essentiel est de transformer chaque seconde en un moment d’infinie réjouissance, chaque larme en profonde réflexion, chaque sourire en partage désintéressé. Mais arrêtons là nos pensées un peu trop lourdes, pesantes comme cette atmosphère orageuse qui traîne ici ce soir, malgré l’altitude, malgré ce calme qui ne laisse présager aucune perturbation à venir. Le village se plonge douillettement dans l’obscurité, au loin un chien aboie sans savoir pourquoi. Les jambes vont bien, le moral suit… on ne franchit pas les cols en se torturant l’esprit, même avec de l’EPO dans son bidon.
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