Le 5 Février 2006, j’ai décidé de garder ma peine. Trop donné auparavant. Il y a des limites à tout. Sauf à l’Histoire qui ne supporte pas la Fin. Il y a des moments de notre vie où l’on décide que cela suffit. L’intelligence demande une pause. Ne plus penser, ni chercher à comprendre, la fatigue est plus forte que tout. On pardonne tout, on espère tant en retour, terrible marchandage des sentiments. Le passé, pour un instant, n’a plus de raison d’être. On prend les mains qui se tendent, sans conviction, ne sachant qu’en faire tant la détresse est profonde. Ce n’est plus un cœur, c’est une douleur, ce n’est plus une âme mais le Mal. Les yeux cherchent et ignorent les ombres qui s’avancent dans leur silence compatissant. Le corps s’oublie, les sensations s’amenuisent, les rêves disparaissent. Ce n’est plus une douleur mais la Peur, déjà on regarde le monde en prenant de la hauteur. Les paroles ne viennent pas, seul le visage s’exprime et témoigne d’un désarroi absurde. Marcher, courir, vivre, à quoi bon…Rester là immobile, dans le minimum. Les sons que l’on perçoit existent pour leur dernière fois. Ce serait si facile, si léger, si… définitif. Déjà il n’y a plus que moi, sur un regard interrogateur.  J’ai décidé de garder mes larmes bien au chaud, jusqu’au jour où elles mériteront une légitime liberté. Trop donné auparavant. Il y a des limites à tout. La Vie n’est pas une Aventure.