C’est la rentrée des classes. Les cris d’enfants égaient le centre du village, calme depuis le mois de juin. Des petits groupes d’adultes se forment naturellement, parents inquiets ou rassurés de voir leur progéniture faire leurs premiers pas dans le vaste monde du savoir. Le bourg va se mettre au diapason des rentrées et sorties de classes, des récréations bruyantes et des différentes fêtes scolaires. Une année passera ainsi, au rythme des quatre saisons, entrecoupée de périodes de vacances durant lesquelles l’école communale résonnera d’un silence récupérateur. D’autres villages n’ont pas eu cette chance. L’école un jour a fermé « faute de moyens » nécessaire à son fonctionnement. Des gens sans doute bien inspirés et soucieux du denier national auront préféré le bien-être rationnel et indispensable de la vie citadine, prédatrice malgré elle, au bonheur simple et sans prétention de nos villages isolés et sans défense. Il y aura « des points poste, des points école, des points boulangerie… » Un point c’est tout. Si vous voulez de la campagne faudra aller la chercher…Cela deviendra un luxe d’y vivre. Mais plus une nécessité. Les écoles communales se tairont, les églises seront revendues à des promoteurs sans scrupules peu soucieux de l’âme de leurs concitoyens. Et cette machine à broyer des vies s’est mise en route depuis des décennies…Stop ! je me sors de cette pensée. A la fenêtre de notre chambre, je contemple ce rare soleil inonder de ses rayons les forêts et les montagnes avoisinantes. Dans la cour d’école le silence est revenu. Quelques parents, par petits groupes, continuent leurs conversations, source de relation et d échange tandis que dans une ville quelconque, une voiture a redémarré en trombe après avoir déposé un enfant devant la grille poussiéreuse d’une institution scolaire. « A ce soir mon chéri, y’a des croq’ dans le frigo.. ! »
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