J’ai pris ça en pleine face, ce matin, en faisant la vaisselle. J’observais par la petite fenêtre placée devant l’évier, les chevaux, des mustangs, que le propriétaire a amenés dans le pré situé à l’arrière de la maison. Par association d’idée, je pensais machinalement aux tribus indiennes de l’ouest américain. Pour m’accompagner dans ma noble tâche quotidienne, je m’étais mis un peu de musique, et l’envie de ré-écouter un bon vieux Springsteen, « le Boss » comme on l’appelle là-bas, avait guidé mon choix. Et d’un seul coup :Vlan !.. »one, two... one, two, three, four…et le riff tueur et revendicateur de « Born in USA » me pénètre sauvagement, au point de me laisser sans force, un flot de larmes brouillant soudain cette sereine image d’Epinal. Alors, durant ces trois petites minutes de pur Rock’n roll, j’ai ressenti vivre en moi tous ces sentiments d’injustice que j’avais toujours essayé de combattre durant tant d’années. Je me suis revu dans ces bars enfumés lors de nos petits concerts du samedi soir, je me suis entendu crier dans ce micro qui bien souvent nous laissait tomber, je me suis retrouvé au milieu de ces bandes de copains qui n’avaient que leurs rêves comme espoir d’une Vie meilleure. J’ai parcouru de nouveau ces routes caillouteuses que nous prenions pour aller répéter, y laissant les modestes cachets que nous touchions après nos exploits sans lendemain. Mais! je me suis rappelé également cet écœurement, cette nausée au lendemain du 21 avril 2002, et les jours qui ont suivi, cette hypocrisie manifestant dans la rue une fois que le mal était fait. J’ai entendu de nouveau ces réflexions assassines de collègues ouvriers que j’avais défendus et appréciés. J’ai ressenti toute cette fatigue due au temps passé à coller des affiches dans la nuit inquiétante. . Alors Bruce, je te remercie de m’avoir encore une fois ouvert les yeux, et de ne pas me faire regretter mon incivilité passagère pour ces élections qui ne m’intéressent guère. Après tout, je peux bien me reposer un peu. Allez ! One, two, …One, two, three, four...
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