Ce n’était pas une cabane. Mais nous l’appelions ainsi. C’était un petit bâtiment, une remise, dans laquelle nous avions aménagé un lieu de vie, de jeu, de rencontre, d’échange, d’expression. Nous nous y rencontrions les mercredi et les week-end, ainsi qu’au vacances scolaires. A l’époque, l’esprit de « bande », pris dans le bon sens du terme, avait toute son importance et tous nos loisirs tournaient autour de ce groupe de copains de rue. Nous faisions preuve d’imagination et il était rare de s’ennuyer. Nous sortions de l’enfance et cherchions nos repères dans la société. C’est là que je me réfugiais, parfois inconsciemment, pour y trouver le calme, les rires, la présence. J’y avais fait un autre chez moi, et cela étonnait parfois les copains, que je prenne tant d’intérêt à faire vivre ce lieu ordinaire. J’étais bien souvent volontaire pour toutes les corvées de nettoyage et d’entretien. J’y mangeais, j’y dormais et cela pouvait intriguer, je le reconnais. Petit à petit, je m’enlisais dans ce sentiment de solitude qui n’allait plus me quitter, s’aggravant même au point de m’enlever tout envie de discussion avec le monde qui ne me ressemblait pas. La mort des parents accentua ce dérèglement et je décidais alors de construire Mon Monde. Cela dura des années. Un blocage psychologique qui ne se déverrouilla plus. Une tension constante donnant lieu à des envies d’extériorisation presque démentielles. C’est dans des groupes de rock ou lors de mes prestations de DJ que je pouvais donner libre cours à mes terreurs trop vite cachées, jamais dévoilées. Car chaque geste, chaque parole que j’esquissais vers l’Autre me demandait un effort, une énergie qui parfois me laissait vide, anéanti, cassé. Puis il y a eu la Maladie des Enfants. Devant tant de force, de volonté, de patience, de peur, d’inquiétude, de courage je me suis senti un Autre en moi-même. Non pas que j’ai été à la hauteur de la tâche, loin de là. J’ai simplement mesuré l’ampleur de cette destruction systématique que j’avais opéré contre moi. Où trouver cette force qu’il allait me falloir pour traverser cette épreuve ? Et c’est chez eux que je l’ai trouvée. Je l’ai trouvé dans les dernières années de leur Vie en les écoutant, les regardant, les côtoyant jusqu’à leurs derniers moments. Aujourd’hui je suis bien. Libéré de mes peurs qu’ils ont prises avec eux. Et chaque instant que je vis est devenu simple comme un vol de papillon.
Et bien voilà.
Si j'avais lu cette note avant d'écrire mon précédent commentaire ...
Je suis rassuré car ma pensée semble en phase avec la tienne.
A bientôt.
Rédigé par : Angelo | lundi 30 avril 2007 à 20H43