VU DU BALCON : ARCHIVES

Fais moi une place...

Demain c'est la dernière! Je peaufine les quelques conseils au collègue,puis zoup! Comme lorsque nous finissions l'année scolaire à l'école primaire (habitude qui m'est restée car à chaque départ en congé, j'éxécutais la même opération), je rangerai fournitures, dossiers, je ferai place nette sur le bureau et je l'astiquerai avec soin...Bien que ce ne soit "qu'une usine", comme on me l'a déjà fait remarquer, il n'y a aucune raison pour ne pas respecter ce lieu de travail qui m'a servi de décor durant toutes ces dernières années. L'ordre. Sans être maniaque, j'ai toujours aimé cet état de fait. J'ai lu un jour cette phrase : "l'ordre c'est le refus de la mort". Impossible de me souvenir qui en est l'auteur...si vous avez une idée..enfin! Toujours est-il que cet aspect de ma personne me coûta énormément dans la façon de gérer les différentes communautés que j'ai fréquentées, quelles soient associatives, professionnelles,sportives ou autres...Responsable ou pas j'ai toujours aimé que les choses soient à leur place. Pas forcément rangées, mais à leur place. Comme nous avons la nôtre. Comme un objet remplissant le vide. Justifiant son utilité. C'est pourquoi je pense avoir à faire autre part....Car l'espace que nous occupions à cinq ne peut être comblé. Cela s'appelle l'Impossilbilité. Ailleurs pourrons nous reconstruire un "possible".

time after time

Demain pourrait être ma dernière journée de travail dans mon entreprise. Mais mon remplaçant n'ayant eu que 15 jours pour se mettre au parfum, je finirai mardi pour continuer sa pseudo-formation. 23 ANS. Oui ,je sais, il fût un temps où l'on passait sa vie dans la même entreprise, et j'aurais également pu aller jusque ma retraite- dans le meilleur des cas- dans le même bureau,faire le même trajet tous les matins, voir les saisons passer au même rytme...mais j'en ai décidé autrement. Cette usine je l'ai vu se transformer petit à petit et pas toujours dans le bons sens.Ouvrier de production à mes débuts, j'ai subi les "postes 3x8 " durant 14 ans sans jamais traîner la patte. La priorité était alors de faire vivre ma petite famille dignement, à l'écart du besoin. Puis les méthodes de travail changeant, j'ai obtenu une place en journée et depuis 6 ans j'occupais cette place de magasinier / acheteur...J'ai vu mon atelier se réduire comme une peau de chagrin et aujourd'hui il est totalement méconnaissable. L'effectif tient dans un mouchoir de poche. Demain je ferai le tour des ateliers pour saluer tout le personnel. Et puis je tournerai le dos à cette époque révolue. Je penserai à cette horloge de l'atelier sur laquelle s'est arrêté tant de regards lors des nuits de travail interminables...Je penserai à ce bruit indescriptible que l'on ne peut percevoir qu'en usine....Je penserai à ce morceau des Floyd..Welcome, to the machine.

un autre monde...

Je viens de refaire le tour de mes notes et je pense que pour le moment je reste fidèle à la trame que je me suis fixée à la création de ce blog. Rester simple,décrire les sentiments qui nous traversent face à cette grave décision. Car on ne change pas de vie comme on change de lit. Excusez la comparaison mais il en faut! On pourrait penser à un coup de tête irréfléchi, à première vue...pourtant les changements se sont imposés d'eux-même.Que sera demain? (Yves Simon) nul ne le sait. Mais il nous appartient ce temps "relatif" pas encore entamé..Nous allons apprendre à le modeler, le sentir, l'apprivoiser mais lui laisser la liberté de s'imposer à nous quand viendra le moment. On n'est jamais totalement maître de sa monture. JE SOURIS parfois rien que d'y penser, et ce calme qui nous entoure me force à m'interroger: que se passe-t-il ? Nous avons vécu 25 années sans vraiment penser un jour que nos humeurs changeraient,que nos comportements se modifieraient, nous pensions comme beaucoup que même dans une situation extrême comme celle que nous vivons aujourd'hui, nous subirions sans broncher, cassés, anéantis. J'ai franchement du mal à comprendre cette force qui nous entoure. Comme si tout était tracé. Comme si aucune autre solution ne s'offrait à nous. C'est peut-être cela "perdre la tête". Alors je veux bien...oui je veux continuer à croire que les matins peuvent servir à quelque chose, contrairement à ce qui a été mal chanté, je veux croire que les extrémités d'une journée ne sont figées à jamais, croire que les secondes ne font pas les minutes et que les heures ne sont que des repères que nous pouvons changer à notre aise. Je veux croire aux derniers regards  qui m'ont fait passer ce message. Là est la Vérité longtemps cherchée.

tou tou iou tou..!! (2 2 U2)

j-7 ou - 4 selon ce que mon directeur décidera il me reste moins d'une semaine à me rendre à la "boîte". Je me sens très serein et aucune inquiétude ne me tenaille...Je dirais même plus, il y a longtemps que j'ai ressenti ce sentiment de calme et de force mélangé....De son côté, Fabienne fait doucement ses adieux aux différentes assos dans lesquelles elle a exercé durant bientôt 7ans. Les cours de gym ont apporté beaucoup,tant sur le plan physique que moral et les témoignages qui lui sont rendus aujourd'hui prouvent qu'elle manquera...mais comme je l'ai dit,personne n'est indispensable,et bien vite c'est une autre monitrice qui s'occupera de faire "bouger ces dames" jeunes ou moins jeunes. Ce qui m'étonne c'est également le calme avec lequel elle aborde cette coupure, donnant l'impression, elle aussi, d'attendre avec impatience le changement qui s'annonce. Nos forces conjugées nous soutiendront dans ce passage qui sera difficile et déstabilisant dans les premiers temps. Puis la Vie reprendra ses droits. Fabienne trouvera d'autres cours à donner, pour un public différent, cela permettra l'évolution...C'est en pensant à toutes ses situations que je me dis que notre décision, si on le veut, ne peut nous apporter que des choses positives. Si on le veut vraiment. Nous serons vite fixés!

A bicyclette....

Ce Dimanche matin, j'ai effectué ma dernière rando avec quelques membres du club. Dernière randonnée dans ces doux paysages de l'avesnois, contrée méritant d'être connue pour les différents aspects touristiques que l'on peut y rencontrer. La lumière était douce ce matin, les sous-bois éclataient de lumières chatoyantes et j'en ai profité pour prendre un maximun de photos qui nous suivront dans notre périple auvergnat. Président de ce club depuis quelques années, je regrette de ne pas avoir réussi à imposer cette pratique du cyclotourisme telle qu'elle devrait être pratiquée. Les impératifs de "moyenne" (je parle vitesse) demandé par le plus grand nombre d'adhérents ont eu raison de mes consignes, et comme je ne suis pas un "dirigeant en  puissance" j'ai préféré laisser chacun à son expression. Dommage...le cyclotourisme en meurt de facon générale au profit de l'exploit individuel. Je quitte donc, non pas la pratique, mais les instances de cette discipline, attendant avec impatience de m'évader en solitaire vers les sommets auvergnats. Retrouver les grands espaces montagnards, là où la solitude parfois inquiète et nous replace à notre juste valeur, voilà qui me fera oublier ces sorties dominicales vite expédièes, presque obligées, qui ne m'apportaient, ces derniers temps, qu'une grosse fatigue le dimanche après midi et des lundi matin interminables... Je retrouverai le sens de la découverte, là aussi.

Sauve toi l'artiste....(jl aubert)

J-12 J'ai pris quelques photos de ma petite ville. Lieux où j'ai vécu, travaillé,souffert,aimé,joué. La maison de mon enfance est délabrée et j'aurais aimé y pénétrer ne serait-ce que quelques minutes. Ressentir des émotions enfouies depuis plus de 30 ans bien au fond de mes souvenirs confus. Revivre quelques secondes l'insouscience de l'enfance qui me fit occulter les drames qui se jouaient dans la plus parfaite incompréhension. Oui, j'aurais aimé fermer les yeux et écouter...écouter simplement, et imaginer le bonheur possible...quelques secondes simplement. Mais le passé appartient au passé. Nous sommes locataire du Présent, modestes  propriétaires de notre avenir. Je suis donc resté sur le trottoir et, comme je l'ai toujours fait, j'ai imprimé en moi ces lieux magiques qui me suivront là-bas. Dans ce nouvel environnement, plus jamais mon regard ne s'arrêtera sur un lieu connu, source de plaisir dévastateur. Je pourrai dormir en égoiste.Enfin.

My generation

Comment remercier toutes ces personnes,amis,copains, voisins qui nous soutiennent dans notre démarche. Nous sommes tous trois des "enfants du pays" et beaucoup de gens nous connaissent. Ils ont connus nos parents et grand-parents pour les plus anciens, et nous avons côtoyé les personnes de notre génération au travers des obligations scolaires ou  associatives . Le Nord est réputé pour cette convivialité parfois un peu trop pesante. Je ne sais pas si cela nous manquera. Avancant dans l'âge et les mentalités changeant, ce besoin de rencontre s'est peu à peu dissipé. Notre région (bassin de la Sambre,que l'on a rebaptisé Val de Sambre sans doute pour "faire bien") a beaucoup souffert du massacre industriel organisé au début des années 70. La révolte morale s'est tranformée en fatalisme au fil des décennies et aujourd'hui,bercés aux doux sons de la star'ac et des séries américaines à trois balles, LES GENS NE SORTENT PLUS. Les ducasses (fêtes foraines dans le Nord) sont vides, les salles de bal sous règlementation, les boutiques centralisées dans des centres commerciaux,qui eux sont bondés les dimanches. Plus de péniches sur le canal. Les assos s'éteignent une à une. Je ne reconnaît plus un ancien, ou si peu. L'église est vide. Et pas disponible quand on en a besoin. Pourtannt nos élus font ce qu'ils peuvent. Mais je m'écarte du sujet. Je voulais simplement avoir une pensée pour toutes celles et ceux qui ont le courage de rester. SUIS-JE UN LACHE? J'ai mes 3 devis pour le déménagement. J-17. J'ai résilié mon contrat CEGETEL. Ceux là fo pa qui me fasse trop c....

Au nom du père, et du fils...

Que fera Nicolas, notre fils? Nous suivra-t-il dans notre démarche ou préfèrera-t-il rester près de ses copains, ultime argument pour cacher son désir de ne pas rompre avec un passé nébuleux. Il y a quelques années, c'est pourtant lui qui a quitté la maison, de façon saine et tranquille pour vivre ces "autres choses" que chacun d'entre nous avons cherché un jour. Nous n'avions, à l'époque, émit aucune objection, croyant comme tout adulte qui se respecte, prendre la bonne décision. Il s'installa donc en Auvergne et ne mit que quelques mois pour satisfaire une envie de vivre légitime mais non réfléchie. Le reste n'intéresse que nous. Toujours est-il qu'aujourd'hui, alors que nous voulons relever la tête et suivre notre instinct de survie, voilà que notre progéniture nous met une fois de plus devant un miroir que nous aurions voulu, sans doute, moins déformant! Il fait son boulot, le fiston, à sa manière il nous fait poser les bonnes questions,au bon moment. Malgrè les déchirures, les haines sous-jacentes, les incompréhensions révoltantes, nous faisons confiance à son intelligence subtile qui un jour lui ouvrira le chemin vers nous. Nous partirons, il restera. Ainsi l'espèrance nous fera vivre. 

Personne n'est indispensable

J-21 6H. Semaine qui commence. Mon"cher" directeur va peut-être se décider à me trouver un remplaçant. Il faudrait d'ailleurs qu'il se presse un peu car, former quelqu'un sur "le tas" prend du temps. Ce n'est pas que je me soucie de l'embarras dans lequel il va se trouver, mais je pense à mon collègue qui va se retrouver seul, face à ce boulot démultiplié...Mais ce sont leurs nouvelles méthodes de "managment", moi même quand j'ai occupé cette place, j'ai eu 5 minutes pour me décider! Je n'avais même jamais touché un PC! Je me suis fait ma formation seul, prenant sur mes temps de pose, afin que personne dans le service ne souffre de cet handicap. Il faut dire qu'à lépoque nous étions 5 dans le service et qu'aujourd'hui, on tourne à deux! je sens que mon remplacement se fera à la dernière seconde, et je prépare des procédures, j'anticipe, et tout cela me mène doucement vers l'échéance...sereinement,cool! Heureux de quitter cette hypocrisie à laquelle j'ai adhéré.

Il suffira d'un signe...

Je fais attention aux signes. Sans me faire dépasser par l'irrationnel. Ce n'est pas une question de croyance, simplement une attention de tous les instants,pratiquement inconsciemment. Dès qu'un fait me dérange, je le sens immédiatement, essayant d'être le plus à même de l'analyser en toute possession de mes moyens. Alors quand je prends une décision, je sais que l'Action m'apportera. Tenez, Samedi soir on décide d'aller au ciné, sans idée précise sur le film à voir. Une fois devant le guichet, Fabienne me demande : alors? Je regarde une dernière fois les affiches et je tranche pour " Quand j'étais chanteur". Bien sûr, je pourrais signaler que je me suis laissé guider par mon ancienne passion. Et bien sûr, ça n'a pas manqué: le film raconte l'histoire d'un chanteur de bal, passionné par cette vie d'artiste n'oeuvrant que pour la postérité, loin des fastes superficiels et artificiels d'un show-bizz nauséabond. Chanter pour un vrai public, sans en attendre forcément une gloire quelconque, "voir les couples se faire et se défaire" comme le dit Depardieu dans le film, voilà ce qui est génial dans ce type de prestation. Et pour en revenir à ces " signes" qui me perturbent de tant à autre, bien évidemment le chanteur du film s'appellait Alain, et l'action se déroulait à ...Clermont Ferrand. Ouais, bon allez! nous dirons que c'est une coïncidence .Il y avait 9 films à l'affiche.

Des historettes comme ça, j'en ai plein à raconter. Mais je n'ai pas le temps pour le moment. Trop occupé à ne pas oublier de résilier mon contrat CEGETEL, DE TROUVER 3 DEMENAGEURS POUR LES DEVIS, penser à faire passer l'expert pour vérifier l'amiante et le plomb de la maison, de visiter les sites immobiliers.....

Le nom de la Rose.

J-29. le compte à rebours a commencé. Il faut accélérer les choses, ne pas perdre le fil de notre projet. Il y a tant à penser et à faire que l'on ne sait pas par quel bout commencer. La déchetterie, voilà une belle invention! Cela permet de faire un dernier tri  de tous ces objets que l'on a du mal à voir disparaître, que l'on a gardé pour leur inutilité rassurante, mais qui finiront quoiqu'il en soit, broyés et recyclés pour une autre utilité. Alors pas de regret. Jetons, cassons, séparons nous de sentiments stériles qui pourraient détruire plutôt que construire. Les objets ont l'âme qu'on veut bien leur donner. Sans plus. Mais les livres, non, rien à faire, je ne m'en séparerai pas. Il m'ont procuré trop de bons moments pour que d'un geste je les écarte de ma vie, de mes réflexions. Après tout, si après ces terribles moments j'ai pu garder la tête hors de l'eau, c'est aussi grâce à eux. Je les ai gardé au chaud, pensant qu'un jour je pourrais en faire bénéficier les enfants. Il n'en sera rien. Alors ce sera pour d'autres. Je me souviens de ces quelques livres poussièreux trouvés lors d'un déménagement, au fond d'un vieux grenier. Certains m'ont plus appris que 10 leçons d'histoire/géo. J'espère simplement que les miens  connaîtront une aussi belle fin. Et les cassettes vidéo! Dans les années 80 avec l'avènement des magnétoscopes c'était la folie. On enregistrait tout. Dessins animés,film,documentaires (je me souviens avec quelle impatience on attendait 'la planète miracle" de peur de ne pas pouvoir l'enregistrer!) musique....tout y passait. Résultat : Des dizaines de cassettes qui elles, basculeront dans la gueule affamée d'un crématoire puant. Elles  n'ont servi à rien. En fait, dire cela équivaut à dire qu'à un moment de ma vie j'ai eu tout faux. Et ça je ne le pense pas. J'ai espéré dans l'instant. Là était l'essentiel, pour eux.