Pourtant j'y ai cru…je voulais du mouvement, j'en ai. Je voulais tuer l'ennui, j'ai réussi! C'est déjà une victoire en soi. Mais bon, en même temps je me suis un peu déstabilisé et, après quelques bonnes journées de réflexion, je me dis aujourd'hui qu'il ne faudrait plus que cette situation se renouvelle trop souvent. Bien sûr je suis prêt à butiner de job en job pour continuer d'apprendre des Hommes et du travail, bien sûr je me sens prêt à tenir la "longueur"…Mais je ne suis pas seul. J'en connais une qui aimerais un peu de tranquillité d'esprit, celle qu'elle a connu ces derniers mois, avant qu'une fois de plus je me remette en question. Si mes anciens copains du nord étaient là, ils ne s'en étonneraient pas: cela a toujours été moi. Bref, faudrait que je me calme un peu. La carcasse commence à émettre quelques grincements pareils à ceux qu'émettait la Laguna qui nous menait vers l'enfer, vers l'Est, là où il n'y avait rien de nouveau. Et qu'est-ce que nous avons ri dans cette limousine déglinguée! Je me souviens de cette anecdote: Moi qui conduit, à côté un collègue démissionnaire 10 ans plus jeune et derrière nos deux plus jeunes, lunettes noires sur le nez. A la sortie d'un péage, étranglement de la circulation, je laisse la place pour qu'un poids lourd se faufile devant moi, mais à sa suite une grosse Mercedes blanche tractant une immense caravane essaie de me griller la place. J'avance à hauteur du conducteur et je dis à mes deux Blues Brothers de la banquette arrière : "Tournez la tête tous les deux ensemble et doucement vers le conducteur" et ils s'exécutent, répondant à on ne sait quelle transmission de pensée…HE BIEN CA A MARCHE! Le type nous a laissé la place. Il s'en est suivi une partie de franche rigolade, une de plus qui restera marquée dans ma mémoire. Ah! Si nous avions agit de la sorte avec "pied de vigne" (surnom donné au cadre dans notre enfer de Nancy), peut-être aurions nous eu droit à un régime de faveur. On n'est jamais assez fou…J'avais vraiment une chouette équipe avec moi… J'en garde d'ailleurs un peu de brume dans les yeux.
" Ils auraient dû être pour nos dix-huit ans des médiateurs et des guides nous conduisant à la maturité, nous ouvrant le monde du travail, du devoir, de la culture et du progrès – préparant l'avenir. Parfois, nous nous moquions d'eux et nous leur jouions de petites niches, mais au fond nous avions foi en eux. La notion d'une autorité, dont ils étaient les représentants, comportait à nos yeux, une perspicacité plus grande et un savoir plus humain. Or, le premier mort que nous vîmes anéantit cette croyance. Nous dûmes reconnaître que notre âge était plus honnête que le leur. Ils ne l'emportaient sur nous que par la phrase et l'habileté. Le premier bombardement nous montra notre erreur et fit écrouler la conception des choses qu'ils nous avaient inculquée. » A l' Ouest rien de nouveau.
Commentaires