Les chasseurs avaient déjà ceinturé le Puy de Paugnat. Nous ne savions pas que la chasse pouvait commencer le samedi matin. Nous nous sommes donc avancés sur le sentier longeant le vieux volcan sur sa périphérie, pour balader le chien et par la même occasion prendre un bon bol d’air matinal. Nous avons alors entendu un chasseur appeler ses chiens à coup de « wop, wop, wop » et dans ce silence de cathédrale ces cris avaient une teneur un peu inquiétante. L’homme n’était pas seul, les autres stationnaient sans doute aux endroits stratégiques par lesquels les victimes pouvaient s’échapper. Les chiens ont alors répondu de leurs aboiements retentissants et Fab prit un peu peur. Nous avons continué à avancer sur ce sentier humide, le chien courant devant nous à perdre haleine, flairant les traces laissées par ses amis plus costauds que lui, il va sans dire. Le rabattage continuait. Alors nous avons entendu un bruit de branches cassées et sur notre côté un chevreuil fila à travers les fourrées empêché de sortir qu’il était par une ligne de barbelés. Sur notre route nous avons croisé un chasseur, l’arme au poing, prêt à faire feu. A notre vue il a vite remis le fusil sur l’épaule. Pour cela on peut dire qu’ils respectent les lois ici. Mais quand même. J’ai pensé à ce chevreuil affolé, terrorisé par cette traque et j’ai écouté. J’entendais toujours les hommes appeler leurs chiens et ces derniers japper consciencieusement, tout à leur travail. Nous avons quitté le sentier pour revenir vers le village et n’avons entendu aucun coup de feu. Nous sommes rentrés. Ce qu’il s’est passé ensuite, on ne sait pas. L’animal s’en est peut-être sorti, plus rapide et plus malin. Mais sans doute n’était-ce qu’un sursis. Quand on est chez soi, la porte fermée, on oublie vite les misères du monde. Je n’ai rien contre la chasse en particulier, quand elle est exécutée dans les règles, ce qui m’a fait drôle, c’est la vue des barbelés, ça c’est pas du jeu.
C’est à un tout autre spectacle que nous avons assisté mercredi. J’en parle parce qu’ils viennent d’en parler aux infos régionales et que je mesure la chance que nous avons eu. Je rentrais du travail et une fois sorti de la voiture j’ai entendu un drôle de vacarme venant du ciel. J’ai levé la tête j’ai aperçu dans le ciel des escadrilles d’oiseaux alignées à la façon « patrouille de France » qui traversaient le pays se dirigeant vers l’Ouest. J’ai appelé Fab pour lui faire observer ce spectacle. Apparemment ce n’était pas leur premier passage puisqu’une amie nous avait déjà demandé si nous les avions déjà vu passer la semaine dernière. Il s’agissait donc de Grues cendrées, plus grand volatile d’Europe qui effectuaient leur migration vers le Sud. Le journaliste semblait ne pas avoir eu autant de chance que nous car il n’avait pas réussi à filmer leur passage. Ben fallait planter la caméra à Paugnat.
Bonsoir Alain,
je te lis par épisodes avec beaucoup d'attention, avec plaisir aussi. Tu t'exprimes à merveille. Quand tu mettras fin à ce blog je te comprendrai mais aussi je le regretterai.
Angelo
Rédigé par : Angelo | lundi 22 novembre 2010 à 18H58