Je suis parti ce matin en promenade avec le chien, pensant
revenir après une petite heure de marche. Je me suis enfoncé dans la forêt,
empruntant un sentier balisé, dans la fraîcheur d’une petite brume qui me fit
relever le col de mon pull, les premiers frimas sont parfois surprenants par
ici. Les douces mélodies de Moby m’accompagnaient et malgré un réveil bien
matinal, je me sentais en pleine forme. Pyrus également car il me devançait
d’une cinquantaine de mètres, comme à son habitude lorsqu’il quitte ses
itinéraires habituels. Je marchais et je n’avais pas envie de m’arrêter, je
n’avais qu’à suivre les balises de ce sentier de randonnée, déjà parcouru en
début d’hiver, là même où j’avais trouvé une si
belle lumière et mes spectres.
Mais ce matin, le soleil timide n’arrivait pas à se frayer un chemin à travers
les branchages et la légère couverture brumeuse. Qu’importe, je marchais dans
des allées de sapins, au sein d’une verticalité impeccable, ce qui me changeait
un peu de ces souvenirs d’horizontalité rencontrés lors de mes randos à vélo
cet été dans le Cézallier. Et je marchais. Je décidais de faire le parcours
dans sa totalité. Trop bien j’étais. ( !). J’ai essayé de retrouver mes
spectres, sans résultat. C’est fou ce que la nature peut nous induire en erreur
autant qu’elle a le pouvoir de nous indiquer la route. J’ai traversé quelques
endroits un peu plus clairsemés ou je me suis imaginé des jeux d’enfants dans
les bras puissants de chênes sans doute plusieurs fois centenaire. N’y
connaissant pas grand chose, je ne m’avancerai pas plus. Au bas d’une petite
pente, à travers les branchages et à une petite centaine de mètres devant moi,
j’ai cru apercevoir une forme bouger. Quelques minutes plus tard je croisai
l’immobilité stoïque d’un garde forestier, fidèle à son poste la veille d’un
jour de chasse. Et soudain je me suis aperçu que je découvrais de nouveaux
lieux. J’ai cherché les balises jaunes sans résultat, inquiet, mais Moby m’a
vite rassuré. Le chien aussi. J’ai donc continué sur le sentier inconnu me
fiant à mon sens de l’orientation essayant de retrouver un Nord perdu voici 4
ans déjà. Après un détour de quelques kilomètres j’ai retrouvé ma route, le
chien ne s’est douté de rien mais trottinait maintenant plus près de moi, sans
doute ses petites pattes de 77 ans en avaient-elles un peu marre. N’est pas
Milou qui veut. Ni Tintin. Nous sommes rentrés sans encombre, deux heures et demi après
notre départ, à une vive allure, heureux de cette mésaventure enrichissante. Je
n’ai pas retrouvé mes spectres, mais qu’importe, je sais qu’ils sont là, tout
près, à portée de promenade. Un de ces quatre matins, j’irai les retrouver, un
matin de franc soleil, Moby dans les oreilles et mes photos seront belles. Il
suffit simplement d’attendre le moment.
"Le grand Maulnes" : voilà ce qui m'est venu en lisant ce récit... Je ne sais pas pourquoi...!
J'aime l'ambiance de ces balades : leur mettre des adjectifs serait les enfermer alors qu'elles respirent l'infini et la liberté...
Sourires...
Rédigé par : Petite Voix | dimanche 19 septembre 2010 à 21H48