Je n’oserai pas dire que cela a été une promenade de santé.
Même si sur le fond mon organisme en est sorti plus fort, mieux préparé pour
les futures escapades. Il n’est pas facile de grimper au paradis, les chemins
qui y mènent sont parfois difficiles à parcourir. On a beau se préparer au
voyage, l’inconnu et les surprises, bonnes ou mauvaises, forgent notre volonté
d’apprendre. Ainsi ce Samedi, en démarrant vers 6h30 de la petite ville de
Blesle encore toute endormie au pied de ses falaises, j’étais sans doute un
peu
trop pressé de suivre cette route vers les hauteurs, quand, trois kilomètres
après ce départ précipité, je me suis aperçu que j’avais oublié ma pompe dans
la voiture. Faut savoir accepter de faire demi-tour, et c’est rageusement que
j’allai rechercher ce petit ustensile si précieux en cas de malheur. Puis j’ai
repris ma route, tranquille, grimpant tranquillement vers les sommets,
accompagné du doux chant des torrents descendant de ces hauteurs fraîches et
ensoleillées. Dans l’ensemble cette sortie s’est bien déroulée, mais quelques
accidents de relief non signalés sur la carte ont freiné mes ardeurs juvéniles.
J’ai donc visité une autre partie de ce grand plateaux du Cézallier et dans ces
grands espaces, j’ai pu apprécier l’importance d’une bonne préparation
cartographique. Car pas question de se tromper de route sur ces vastes
étendues. Un mauvais chemin qui vous fait dévaler 5 ou 6 km pour aboutir
n’importe où et c’est bien vite le découragement qui vous envahit, vous privant
de toute envie de refaire surface. « Tu as le temps de réfléchir quand tu
roules ? » me demandait un copain hier soir. Ben oui, pour un
cyclotouriste la carte remplace les flèches au sol, les pancartes, les
commissaires de route. Et heureusement que l’on réfléchit…Hier je dois
reconnaître que j’aurais aimé avoir une compagnie dans certains passages
difficiles, car le doute, toujours lui, est un sentiment, je dirai, bizarre. Il
est contraignant lorsque, au bord de l’abattement, on voudrait que tout
s’arrête. Il est salvateur à la croisée des chemins quand, incertain, on sort
la carte pour vérifier notre savoir. Oui il faut réfléchir dans ce genre
d’exercice, mais pas seulement, il faut écouter les chuchotements de la nature,
ce cri d’animal tout au fond de la vallée ou sur le sommet de la montagne, ce
bruit de moteur lointain qui nous rassure sur la présence d’une civilisation
proche, ces frémissements de l’air qui annoncent les changements de direction
du vent, et ces bruits de mécanique sur laquelle on est assis depuis plusieurs
heures. Il faut voir aussi, étudier la pente devant nous, les distances qui
nous séparent des prochaines difficultés, voir les ombres changer sur le flanc
des collines qui nous entourent, les détails de cette vie qui grouille dans les
contrées traversées lorsque nous ne sommes pas là. Et sentir. Que cet « inutile »
vaut la peine d’être vécu…
Commentaires