J’ai refait surface instantanément. Je n’ai même pas senti
cette impression de chaud et froid dont
il faut se méfier dans de pareilles situations, ce choc thermique qui peut vous
envoyer dans l’autre monde plus vite qu’il ne faut à la lumière pour activer
nos neurones. Je me revois glisser le long de la paroi lisse et fraîche sans me
poser la question quant à ma faculté de pouvoir nager sous une chute d’eau.
Déjà en piscine, les largeurs étaient difficiles à réaliser, plongeon compris,
s’il avait fallut réfléchir durant cette courte seconde de chute vers l’eau
noire qui m’attendait une dizaine de mètres plus bas, je pense que, d’effroi,
je me serais laisser couler, mort de honte. Ca
a fait plouf puis, pareil a un bouchon de liège, je suis remonté à l’air
libre et la première image fût celle de mon fils qui me regardait là-haut, tout
étonné de voir que je lui avais lâché la main et que je faisais l’imbécile une
fois de plus pour amuser la galerie. Pourtant je ne riais pas. J’ai tendu le
bras qui, par hasard, a rencontré un rocher sur lequel j’ai pu m’appuyer et
rester à la surface. Il aurait très bien pu, ce bout de roche sauveur, être
l’irresponsable meurtrier. Mais non. C’était pas notre jour, ni à lui, ni à
moi. Je me suis sorti vite fait de cette eau bouillonnante et bruyante pour
aller me sécher au soleil. En fait je voulais apprendre à mon fils à traverser
un torrent, à la manière d’Indiana Jones. Et je me suis rendu compte, pendant
qu’un chaud soleil d’après midi d’Août me réchauffait, que j’avais failli être
l’auteur d’un terrible drame en voulant jouer au héros. C’était en 2000.
J’avais pas mal déconné cette année là. Je m’étais laissé pousser la barbe afin
de cacher mes écarts de conduite, mais Lui m’avait bien reconnu pour me lancer
cet avertissement. Il aurait pu réchauffer un peu l’eau avant de m’y laisser
choir comme un vulgaire gigolo. En Septembre, je me suis rasé. Et j’ai attendu
qu’Il décide.
Commentaires