2010. Une décennie se termine emportant avec elle tout un pan de notre vie que nous essayons de reconstruire petit à petit. Je me souviens de ce passage dans le nouveau millénaire. J’avais passé quelques heures aux urgences, deux nuit après le soir du réveillon, suite à de violentes douleurs dans la poitrine. Faut dire que je ne me ménageais pas à l’époque. J’alignais dans la même semaine travail, animation de soirée dansante, plus activités municipales…Ce coup de fatigue passager ne s’est jamais reproduit, pourtant il en aurait eu plus d’une fois l’occasion. Je me souviens donc de ces heures « d’inquiétude tranquille », car bizarrement, malgré la gravité de la situation toute relative, je me sentais bien, relaxé, comme aspirant à un repos attendu. Il y avait dans ce service de l’hôpital un copain qui, travaillant pour le samu, était de garde cette nuit là. Allongé sur mon chariot pour être conduit à la radio, je tombai sur lui dans l’ascenseur et surpris, il me demanda ce qu’il se passait mais directement me pris la main comme pour me rassurer. Cela m’interloqua au début. Puis je me rappelai que ce copain avait perdu sa compagne dans un accident de la route quelques mois auparavant. Elle exerçait le même métier que lui. Il avait dû se rendre sur les lieux de l’accident. Qu’est-ce que c’est que cette vie de merde ? Oui , je me souviens de cette nuit, de la chaleur de cette main et de ce sourire masculin rassurant. Qu’est-il devenu ? 10 ans, un siècle, une seconde, des souvenirs s’effacent, d’autres torturent, d’autres font partie de notre vie sans que nous ni fassions plus attention que cela. Cette douce tranquillité ressentie cette nuit là, cet appel au repos tant désiré, je les ressens encore parfois aujourd’hui, sans doute un jour me fermeront-ils les yeux sans que je m’en aperçoive. Alors j’aurai besoin simplement d’une main, d’un sourire et d’un peu de courage…
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