Le couteau a glissé et s’est logé dans la paume de la main,
juste en dessous du doigt, là où, grâce notamment aux tonnes de pneus soulevés
chez Michelin et aux tonnes de poutres chargées à la main il y a 30 ans, la
peau s’est durcie pour former une espèce de corne souple bien utile. Je me suis
précipité dans la salle de bain pour confectionner un pansement, certain que ce
petit incident n’allait pas me faire passer le réveillon dans une salle
d’attente des urgences. Mon beau-frère a continué seul l’ouverture des huîtres,
et moi j’ai siroté ma coupe de champagne à sa santé, en profitant au passage
pour amuser la galerie avec mes petites anecdotes au sujet des cicatrices qui,
de la tête au mains, jalonnent le parcours d’une vie un peu gauche, cela va
sans dire. La première blessure dont je me souviens fut provoquée par un
garnement habitant près de chez nous, (j’étais un enfant à l’époque) qui ne
trouva rien de mieux à faire que de m’envoyer un coup de binette sur le dessus
du crâne. Puis, un peu plus tard, trouvant sans doute que je n’avais pas assez
souffert, c’est seul que, en essayant de trancher un morceaux de bois à l’aide
d’une hache pour me fabriquer une épée, j’oubliai de retirer un doigt. Pas
d’amputation mais un bon souvenir quand même. Toujours dans cette même période
de l’enfance, c’est en essayant de me rattraper suite à une
« poussade » d’un copain, que j’agrippai à pleines mains un barbelé
bien rouillé qui me valu un « Y » bien marqué pratiquement au même
endroit où le couteau à huître vient de récidiver. Puis il y eu cette chute
contre un banc en béton, tête première sur le menton, puis plus tard, ado,
c’est une camionnette qui me coupa la
route alors que je me rendais consciencieusement au collège avec ma mobylette.
Là, cela aurait pu être plus grave, mais grâce à mon casque, je m’en sorti avec
une cicatrice sur la lèvre supérieure, juste sous le nez. Il m’a fallut
attendre la trentaine pour me rappeler au bon souvenir de mes petits tracas,
lors d’un accident de travail, et c’est encore
un bout de doigt qui faillit se faire la malle. Je vous épargne les incidents bénins du type
coup de cutter, coup de marteau…chutes diverses dont une me fait encore
souffrir ce soir, comme me l’avait prédit mon médecin de l’époque. Fémur brisé
à dix ans. Bon, rien de bien dramatique dans tout cela. Bien au contraire, ce
récit agrémenté de quelques exagérations, a fait rire la compagnie autour d’une
table de Noël. J’ai préféré taire les autres cicatrices. Les invisibles, celles
qui infectent à petit feu toute l’énergie que l’on donne pour en guérir.
Que 2010 t'apporte tout le baume à l'âme nécessaire pour guérir de ces cicatrices invisibles mais néanmoins douloureuses!
Bonne année!!
Rédigé par : Aurore Boréale | vendredi 01 janvier 2010 à 02H43
Aucune cicatrice ne peut être complètement effacée. Cependant s'il est des plaies qui ne se referment jamais, la cicatrisation elle, fait partie intégrante du processus de guérison...
Rédigé par : Sonia | dimanche 03 janvier 2010 à 13H15