Ce matin, vers 8h, j’ai pris de la hauteur. Nous sommes montés au sommet du Paugnasé, moi et le chien, où je suis resté près d’une heure à contempler le village et ses alentours. Hier soir une forte pluie est tombée durant plusieurs heures et ce matin un chaud soleil réchauffait déjà de bonne heure une nature toute dégoulinante de pureté. De mon piédestal, j’ai observé ces nappes de nuages qui recouvraient la plaine, au-delà des dernières collines de Paugnat, et je les ai vus petit à petit se dissiper au fil des minutes, formant comme un léger brouillard de chaleur. Je n’étais qu’à 900m, mais les quelques nuages délimitant l’horizon était bien plus bas que moi. J’ai alors pensé une fois de plus à notre situation, deux ans après notre arrivée ici. J’ai pensé à ce coin de nature que j’avais découvert en 1981, et à cette petite maison en bordure de forêt dans laquelle nous avions failli vivre, si quelques voix adultes et responsables ne m’avaient pas détournée de mon projet d’adolescent irréfléchi. Je me suis dit qu’après tout, c’est le Temps qui avait œuvré pour me ramener à ce projet initial, mais que je me serais bien passé de la tragédie qui lui a servi de prétexte. Cette petite maison en lisière de forêt nous allons la revoir jeudi, lors de notre visite express dans le Nord pour une fête de famille.
A 900m d’altitude, dans l’air pur et chantant dans lequel je rêvais, j’ai pensé aussi à la situation de Fabienne et à son travail d’assistante maternelle qu’elle exerce actuellement, et j’ai repensé à ce métier d’éducatrice spécialisée pour enfant qu’elle voulait exercer lorsque je l’ai connue. Elle avait fini par arrêter ses études, ne se satisfaisant pas de cette séparation régulière qu’elle devait opérer avec Nicolas, âgé de quelques mois à l’époque. Tout semblait reprendre sa place ce matin. Dans ce vert irraisonnablement pur qui tapissait 100m plus bas la campagne silencieuse, dans le bleu impudiquement profond d’un ciel immense et accueillant, la Vie me sembla plus vaste que jamais, sans limite ni entrave. J’ai alors remercié l’Invisible Absence de ce Don qu’elle mettait à notre portée, ces signes qui nous faisaient aimer le désespoir comme on aime les tourments de l’Amour qui nous fait vivre.
Ah la nature auvergnate m'acceuillera peut être cet été : si mon job marche !!! J'aime beaucoup ta façon d'écrire à la fois nostalgique et empreinte de douceur. Bon week end à vous deux
Rédigé par : Rayon de Soleil | samedi 30 mai 2009 à 11H49