Sur le plateau, aux croisements des chemins de traverse, de nombreux calvaires se dressent face aux vents glacés et parfois violents. Leur présence m’interroge sur la raison de leur implantation dans ces lieux reculés des habitations. Aucun ne se ressemble, si ce n’est la pierre dans laquelle ils ont été sculptés et gravés. Quelquefois, un arbre solitaire, à la forme torturée par les vents dominants, les orne de manière un peu protectrice, peut-être aussi pour protéger d’un chaud soleil, l’éventuel promeneur venu se recueillir au temps jadis. C’est un vaste cimetière sans mur ni portail. Chacun y entre et peut vagabonder dans ses allées sans fin comme bon lui semble. L’hiver, quand le ciel est bas et que la bise cingle les herbes courageuses, ces endroits ne manque pas de charme, mystérieux certes mais évocateur d’une époque où l’homme en phase avec cette nature vive, n’avait pour tout repère que ces bornes funéraires pour aller et venir sur la vaste lande. Dépouillés de leur appartenance à leur religion, ces petits monuments font partie du patrimoine de cette région qui porte en elle bien des secrets qui se sont refermés à jamais sous la masse noire et lourde de cette pierre immuable.
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