Allongé sur le lit, reposant un dos qui me faisait souffrir depuis le milieu de la nuit, j’écoutais une musique d’une autre époque, celle que je refusais alors, préférant les turpitudes sombres et révolutionnaires de vociférations punk sans avenir car sans fondations solides. Que des idées, aucun acte. Oui, j’aurais mieux fait à cette facile période d’une vie déjà bien tourmentée, de me réfugier dans les mélodies que je ressentais plus profondément, plutôt que de jouer aux héros de pacotille. Me délassant donc un maximum dans un rayon de soleil bienfaisant, je regardais par la fenêtre, la cime d’un arbre se détachant sur un fond de ciel bleu azur, sur lequel glissaient de fins nuages blancs, comme tirés par une main invisible. J’étais bien là, détendu et léger, paresseux de passage, penseur d’un instant que je voulais faire durer et retenir. Par moments je m’assoupissais, me laissant faire. Après tout, qu’avais-je d’autre à faire ? Dehors il ne devait pas faire très chaud, et les longues heures de travail au froid de la semaine ne m’incitaient pas à affronter de nouveau ce vent d’est, glacial. J’écoutais donc, et je ne faisais rien. A l’écoute, simplement. Par moments, comme bien souvent dans de pareilles occasions, quelques images me dérangeaient dans cette récupération nécessaire, mais, habitué à ce genre de perturbation, je préférais en sourire. C’est dans ces moments de légitime abandon que je me rends compte du combat perpétuel auquel nous sommes soumis et condamnés. En fait, le repos que l’on se donne n’existe que dans le mouvement et l’action, dans cette attention de tous les instants à laquelle est occupé notre esprit par des tâches de la vie quotidienne, qui ne sont que leurres et échappatoires répétitifs. Le vrai courage résiderait à ne pas chercher l’oubli si facilement et affronter l’horreur de face. Enfin, je ne sais pas. Ce que je ressens souvent c’est ce sentiment de sursis qui pèse sur nos vies en équilibre précaire. C’est pourquoi, il y a des jours, où l’envie de finir ce rôle improvisé, dans lequel je me suis investi par devoir, peut-être, cette envie me tourmente au point de vouloir lâcher prise. Comme ce matin, les yeux perdus dans ce ciel trop bleu pour être vrai, les idées trop noires pour être fausses. Je sais qu’il y a une part de vérité dans ce que je m’invente parfois et une part d’ombre dans tout ce que je cache par nécessité. Je suis resté allongé près d’une heure, attendant que la douleur s’apaise, puis je suis passé au clavier. Je n’ai toujours pas envie d’entreprendre quelqu’action que ce soit aujourd’hui. Juste penser à tout ça. Et écouter « cinéma show »…ou « The Knife »…ou « Musical Box »… « Supper’s ready » ?
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