J’ai reçu, alors que je ne m’y attendais, mais alors PAS DU TOUT, un mail d’un copain qui me prévenait d’aller voir sur le site « copains d’avant », et que je serai surpris d’y retrouver peut-être quelques copains, et en particulier, un ami perdu de vue depuis…30 ans ! C’était en 76/77, alors que je réalisais comme tout bon petit français, mon service militaire. Cette période, bien obligatoire à l’époque, fut à l’origine de l’explosion de notre groupe de copains d’alors. Au début, lorsque je rentrais en « perm », il y avait toujours des copains pour m’accueillir à l’arrivée du train, puis petit à petit, il a bien fallut s’habituer aux retours tristes des quais de gares désertés. Mais ce qui me peinait le plus c’est bien la lente dissolution des liens créés durant toutes les années précédentes avec tout un tas d’amis qui, naturellement, choisissaient leur chemin pour cette vie qui s’avançait à grands pas. Ce qui me dérangeait en fait, c’est d’être absent et de ne pas pouvoir assister à cette mutation bien logique, contre laquelle on ne peut rien. Un soir de « perm », entre deux bières, on m’annonça donc le départ de la région pour le Sud d’un ami, avec qui j’avais pas mal bourlingué. Cela ne m’étonna pas, car de la bande, c’était le plus intègre dans ces futurs choix de vie, et lorsqu’il en parlait on sentait bien dans ses affirmations que rien ne pourrait entraver ses projets. Véritable écolo avant l’heure, je me souviens de ces escapades en forêt, ou dans la campagnes, ces nuits à la belle étoile, et d’un week-end sous la tente, sous dix centimètres de neige ! Bref, j’étais content de savoir que l’un d’entre nous maîtrisait son destin et je m’attendais à le revoir un de ces jours…Les années ont passé, puis les décennies…Je me suis souvent demandé ce qu’il était devenu. Et puis voilà qu’il y a quelques jours je reçois ce mail. Après quelques clics angoissés, j’ai fini par retrouver sa trace et je lui ai laissé un petit mot. Une réponse m’est revenue aussitôt. Me voilà au pied du mur, tenaillé par l’envie impatiente de revoir cet ami et la peur d’agir. Me connaissant, ce sentiment de crainte sera bien vite oublié devant le désir de franchir cette distance de trente années qui, si la confiance nous a bien servi, ne devrait pas faire obstacle à d’éventuelles retrouvailles. Et puis, je suis à mi-chemin aujourd’hui. Autant dire que le plus dur est fait.
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