Mon neuvième mois chez mon employeur est déjà bien entamé. Triste expérience en fait, même si, finalement j’en tire des conclusions gratifiantes et mobilisatrices pour mon avenir. La semaine dernière, on m’a bien fait comprendre que les CDI n’étaient pas à l’ordre du jour et qu’éventuellement je pouvais repartir sur un second CDD, mais à une autre place…J’ai demandé à voir, j’ai vu, mais je n’ai pas été convaincu. La poignée de main que le pseudo cadre ne m’a pas tendue en se présentant, a été pour moi le révélateur attendu et soupçonné de puis de longs mois : l’individu n’existe plus chez le célèbre manufacturier. Alors j’ai écouté d’une oreille distraite la présentation hypocrite de ce nouveau travail proposé, me disant que ce manque d’intérêt pour ces recommandations était simplement l’image exacte des sentiments que j’éprouve aujourd’hui devant ces nouvelles méthodes de travail. Et je n’ai pas à rougir des semaines passées à porter des centaines de tonnes de pneumatiques, me privant de temps de pause pour assurer la production, rentrant le soir ou au bout de la nuit exténué, brisé parfois-le mot n’est pas trop fort- mettant plusieurs jours à me remettre de cette dévotion dans le but uniquement d’être bien avec moi-même dans l’accomplissement de la tâche que l’on m’avait confiée. Demain ce sera un robot qui, sans se poser ce genre de dilemme, exécutera froidement les opérations que les techniciens programmeront. Tant mieux pour l’Homme qui n’aura plus à subir les souffrances de ce flux interminable de pneus à emballer. Tant pis pour ces six ouvriers qui devront s’adapter à cet état de fait et quitter leur poste. Je quitterai donc cette usine l’âme tranquille, prêt pour un nouveau challenge, source d’énergie et de réflexion, qui me conduira sur des chemins encore inconnus, à la rencontre de gens nouveaux…je me suis payé un stage pour obtenir quelques bagages de plus afin d’affronter ce nouveau défit. Et je n’ai peur de rien.
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