Il y a tout juste un an, j’écrivais la première note de ce blog, dans l’intention simplement de laisser un témoignage presque journalier du changement de vie que nous avions décidé. Nous allions devoir tout laisser derrière nous : travail, maison, famille, amis, environnement, toutes ces habitudes de vie que nous connaissions depuis notre enfance. Nous ne savions rien des lendemains qui nous attendaient ici. Nous n’en savons pas plus sur ceux qui arrivent. Je retiens de cette période mouvementée qui durant 4 mois, cette volonté farouche de quitter un monde qui, si je n’agissais pas, allait nous broyer sans que nous puissions réagir, simplement par manque de courage ou par fatalité. Nous laissions également derrière nous Nicolas, face à son destin. Nous lui avons laissé le choix. Il pouvait nous suivre. Mais il préféra alors « attendre un peu ». Puis il rencontra Sarah. Dont le nom de famille est Dieu. Sans rire. Alors les choses commencèrent à se clarifier pour lui. Petit à petit. Il est loin d’être sorti de cette impasse dans laquelle il s’est engagé voici plusieurs années maintenant, mais sa route se stabilise. Nous avons aussi laissé un déchirement étrange fait de souvenirs, de regrets et d’impuissance. Deux enfants qui se reposent dans une terre sur laquelle des cris et des rires se sont entremêlés à une époque ou je croyais être intouchable, immortel, libre. Eloigné d’eux, je mesure l’Absence, je la sens dans tous les sens du terme, parfois à en m’en rendre malade. Ce sont des instants fugitifs, courts mais terribles, qui vident en vous ce qu’il reste de courage, où l’on pénètre dans un monde fait d’anéantissement et d’abandon. Puis je relève la tête, je regarde ce nouvel environnement qui est le nôtre aujourd’hui et ces nouvelles visions sèchent des larmes auxquelles je n’ai laissé aucune chance. Je me suis installé dans ce blog comme je m’installe dans cette nouvelle vie : comme viennent les jours. Je ne pensais pas aller si loin, clôturer une fois l’installation terminée, mais je me suis aperçu qu’il était un lien avec la famille et amis qui suivaient cet éloignement avec intérêt et compassion. Nous abordons une autre page de ce périple, car fatigué de ce travail éreintant qui a pourtant contribué à notre installation, j’ai décidé, une fois de plus de prendre le risque d’aller vers d’autres opportunités qui pourraient éventuellement nous rendre le poids des années moins pénibles à porter. Fabienne est en sécurité. Ces choix que je décide un peu seul c’est vrai, je les élabore en toute sérénité, conscient des dangers et turpitudes qui pourraient faire vaciller ce fragile équilibre que nous avons trouvé ici. Mais tout cela n’est que matériel. On ne vit pas avec les Choses.
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