C’est bientôt la fête de la musique. Moi il y a bien longtemps que je n’ai pas participé à cette manifestation. Ce devait être vers 1994 ou 95. Mais avant cette date, j’étais toujours au rendez-vous. C’était une fête que nous voulions simple, improvisée, avec ce grain de folie nécessaire à sa pleine réussite. Exit les soirées hyper calculées, télévisées, médiatisées à outrance qui font les choux gras aux pseudo stars de la chansonnette à deux sous. Notre fête à nous, on la vivait dans les bars, les caves, les scènes montées à la va-vite. On s’invitait à la dernière minute, dans des concerts sans affiches et parfois sans sono. On jouait dans une salle des fêtes, où finissait juste de jouer la fanfare municipale et quelques heures plus tard nous nous retrouvions cent bornes plus loin, au milieu des volutes de fumée d’une cave toute ensuée de plaisir innocent. Bien sûr ça sentait la bière. La meilleure, celle qui coule à flot du robinet, un quart eau, trois quart houblon, le tavernier n’ayant pas le temps de sécher les verres. Les guitares n’étaient pour ainsi dire pas accordées, ça aurait servi à rien. Le public n’était pas là pour ça. Il était là pour jouir du moment présent, sans souci de perfection ni de respectabilité. On chantait « la musique que j’aime » parce que c’était un blues en trois accords et que les paroles étaient en français, en se fouttant pas mal de savoir si c’était une bonne chanson. D’ailleurs les trois accords n’étaient pas joués dans l’ordre. L’ordre on n’aimait pas ça. Ce jour là. Quand on jouait dans la rue, bien souvent on voyait débarquer des messieurs en uniforme qui nous demandaient poliment de bien vouloir dégager. Alors même si le maire était de notre bord, on le descendait en chanson, c’était la fête, ce jour là tout était permis. Mais tout ça se passait dans quelques villes qui s’aventurait sur ces chemins de la contre culture moderne, la pas méchante, la pathétique… Alors les choses se sont gâtées. Les Zéniths s’en sont mêlés. C’est pas pour ça que j’ai arrêté. J’ai cessé de faire la fête parce que je savais qu’un jour je devrais la faire seul. Il me reste cette interview réalisée en 91. J’étais ici dans le Puy de Dôme, un 21 juin et les copains musiciens avec Fred, dans le studio de la radio locale. C’est un moment de pure nostalgie. Une bande son suspendue dans le temps. Je vous l’offre en cadeau, bonne fête à tous devant votre petit écran.Téléchargement intervieuw.mp3
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