Mon Dieu que cette première sortie à vélo a été difficile ! Habitué aux remises en forme dans nos grandes plaines nordiques ( heu…du Nord de la France….) je me suis fait surprendre par ces routes de montagne, vicieuses et impitoyables, qui transforme vite fait votre outil de plaisir en un engin de torture. Je m’attendais à ce que cette remise en selle soit pénible. 5 longs mois sans effectuer le moindre exercice sportif digne de ce nom, et c’est toute une rééducation qu’il faut entreprendre tant au point de vue moral que physique. Bien sûr nous avons fait une bonne dizaines de randonnées à pied depuis que nous sommes ici, mais cela ne suffit pas. Dès que j’ai posé les fesses sur ce petit bout de cuir que l’on appelle une selle, j’ai compris que l’infidélité, ça se paye un jour ou l’autre. Cette bicyclette, que j’aime appeler « ma bécane », m’a emmené sur des routes lointaines mais accessibles à tous, dans des endroits que je garde encore en souvenir aujourd’hui, elle m’a fait réfléchir sur Moi, sur mes capacités à me battre devant l’effort et la difficulté, sur mes réserves en courage, sur ma façon de réagir face au désir d’abandon qui, à bien des moments, m’a fait les doux yeux. Elle m’a appris le sentiment de solitude, mais aussi l’esprit de groupe et d’entraide. Je pourrais continuer la liste de tout ce que j’ai connu en sa compagnie. Mais ce n’est qu’un bout de fer, et, comme tout objet, l’âme qu’on lui prête ne concerne que nous. Le principal est fait. Elle sait que je ne l’ai pas oubliée.
Je ne lui ai jamais promis de l’emmener au bout du monde. Je n’en ai pas eu beaucoup de soin, je le reconnais. Depuis 10ans elle me supporte et me porte là où je le veux. Pas de rébellions pour autant. Elle ne m’a jamais posé de lapin, me prévenant même en cas de danger ou d ‘inconscience de ma part. ( je me souviens d’un départ pour un 250km sans mes bidons d’eau, lorsqu’un petit ennui mécanique m’a attiré l’attention, et de ce fait, réveillé face à cet oubli.. !). (…et aussi l’année dernière, alors qu’un petit bruit de chaîne aurait dû freiner mes ardeurs, et que juste dans le premier km de l’ascension d’un col, la chaîne a cassée, comme pour me dire : « halte là ! on revient par la vallée… » vu l’orage qui suivit , je crois que là encore je suis passé par une bonne porte…). Donc voyez-vous, à défaut de croire en d’autres valeurs matérielles plus rationnelles, je préfère m’attacher à cet ustensile qui m’interroge parfois, et qui m’aide, en quelque sorte, à voir au-delà des horizons vers lesquels je me suis dirigé en sa compagnie.
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