Premier orage sur Paugnat. Bref. Lourde pluie, chargée de grêles. Puis les nuages se sont étirés, laissant filtrer une douce lumière de fin de journée. Demain sans doute, au petit matin, une légère brume s’élèvera au-dessus des forêts avoisinantes, réveillant une nature assommée depuis quelques jours par un soleil trop pressé pour la saison à venir. Ici la végétation explose. Les couleurs sombres des collines volcaniques ont viré au vert, transformant par la même occasion les reliefs auxquels nous nous étions habitués. Les lignes des Dômes se succèdent de manière plus douce, voluptueusement, comme une invitation à venir parcourir leurs flancs. Contrairement à la chaleur des plaines, c’est une sensation de douceur bienfaisante que nous ressentons ici, lorsque le soleil est au zénith. L’été s’annonce bien, mais laissons s’installer le printemps. Laissons aussi se guérir cette mauvaise angine qui me harcèle depuis notre retour du Nord, il y a quinze jours. J’ai fais connaissance ce matin d’un docteur qui sera sans doute celui que nous garderons. A l’écoute de ses questions, j’ai bien compris qu’il essayait d’en savoir un peu plus sur notre installation dans sa région. J’ai d’ailleurs appris par ce biais, qu’il y avait des gens du Nord à Paugnat, peut-être un jour aurons--nous l’occasion de les rencontrer. Je sais que nous ne sommes pas les seuls « chtis » dans les environs. Le beau-frère de notre voisin vient de Denain. Laissons le hasard s’occuper du reste. Laissons faire le temps, pour le moment la confiance que je lui porte ne fait pas défaut. Chaque jour qui passe travaille pour nous. J’y pense chaque matin, en ouvrant les yeux sur cet univers blanc qui nous protège de ses murs épais. Une chance cet appart… Nous nous y sentons forts et sereins, comme si nous y avions trouvé ce calme longtemps recherché et attendu. Comme si au sein de cette bâtisse toute de lumière et d’espace, nous avions la digne tâche de reconstruire des Vies qui n’ont pas eu le temps de nous remercier. Alors je pense à cette nouvelle…une planète a été découverte, et d’autres formes de Vie pourraient s’y trouver. Je n’ai jamais cru en notre Solitude. Je préfère penser à cette merveilleuse découverte qui, même si elle n’apporte que des suppositions, entretien chez moi, mes rêves d’au-delà. L’ âme ne supporte pas qu’on lui impose des limites.
Commentaires