Je vais bientôt quitter ce meublé que j’occupe depuis plus d’un mois. Je me souviens de cette impression bizarre quand, lors de la visite en compagnie du propriétaire et que celui-ci ouvrit les volets de la fenêtre, je découvris le paysage. La vue donnait directement sur la colline au sommet de laquelle a été bâti un calvaire. Ainsi, de jour comme de nuit, cette vue était incontournable. J’en vins à ne plus fermer les volets ces dernières semaines et par moment je me surpris à rester de longs moments, contemplatif devant ce décor. Surplombant la ville, la croix semble protéger plutôt qu’appeler. Je me suis souvent rendu sur cette colline d’où l’on peut découvrir sur 360° un magnifique panorama. La nuit, éclairée, la croix blanche semble suspendue dans le vide parfois étoilé. Je ne me pose plus de question sur ma foi. Et je ne veux y mêler personne. Je ne veux parler que de cette force qui me pousse sans cesse vers des décisions qui auraient pu sembler difficiles à prendre et qui s’imposent d’elles-mêmes. Je me laisse faire, ne réfléchissant que très rarement, me disant que si le chemin emprunté n’est pas le bon, un événement me le fera savoir. Et c’est ainsi depuis le mois d’août, date à laquelle, du jour au lendemain, je me suis décidé à nous lancer dans l’inconnu. Cela pourra paraître un peu mystique, emprunt d’un peu de folie. Alors je veux bien de cette folie qui me fait redécouvrir ou simplement découvrir tout ce qui m’entoure en ce moment. Et puis, vous êtes les témoins privilégiés de la situation puisque au courant de mes faits et gestes. Et si vous pensez que je commence sérieusement à dérailler, et que de surcroît vous ne faites rien pour m’en empêcher, vous êtes alors complices. Je ne voudrais pas être à votre place !
La situation dans laquelle je me retrouve aujourd’hui a ceci de positif qu’elle me permet de me retrouver seul face à moi-même. Fabienne est remontée dans le Nord depuis trois semaines et la solitude est ma seule compagne depuis. Mes journées sont rythmées par le travail, les préoccupations ménagères et le repos. Je passe de longs moments, allongé sur le lit, perdu dans des pensées qui, loin d’être négatives comme cela pourrait être le cas, me permettent d’élucider des questions occultées, peut être par manque de courage, face à la dure réalité de la situation. Le film des années passées défile à rebours, parfois nettement et à d’autres moments de manière un peu floue. Mais l’essentiel est là. Encré bien profondément au creux de mes espérances déchues. Non pas déçues. Ce n’est pas agir de façon négative que de faire ce retour sur ce que l’on pourrait appeler une tragédie. Arrêtons là, l’épilogue n’est pas pour ce soir. Mais je voulais tellement que la Vie soit simple et agréable à traverser. Il y a eu des rires, des cris, des peurs, des soulagements, des espoirs, des découvertes, des naissances, des incompréhensions, des oublis, des surprises, des décisions…des silences, des colères, des pardons, beaucoup de pardons, des trahisons, des silences encore…des mensonges, des Vérités cachées, des terreurs, des erreurs, des horreurs, des rancœurs…il y a ce plafond que je fixe comme Ils ont fixé le leur avant que le brouillard les éloigne de nous. Mais il y a aussi cette Présence qui me montre le chemin à suivre afin de connaître une infime partie de ce Monde qui nous entoure. Alors je veux aller vers les Hommes. Connaître d’eux ce que je ne connais pas de moi. C'est pourquoi je dédie cette fin de note aux ouvriers des Ancizes qui ont alimenté durant trois semaines cette soif de découverte, merci André.
Commentaires