A gauche, l'aube se détache sur les Monts du Livradois Forez dont certains cols ont salué mon passage à bicyclette voici quelques années de cela. Le ciel est pur et laisse espérer une belle journée. A droite, Clermont s'étire dans la grisaille humide,écrasée par la masse imposante des Monts Dômes. Ces cols attendent mon passage. Au milieu de ce tableau tout en contrastes, Moi en voiture, qui me rends à un rendez-vous matinal pour une visite immobilière. La voiture file sur ce tronçon d'autoroute de quelques kilomètres qui me permet de contourner la ville. A gauche, le rouge, à droite le noir. Et sur le ruban humide séparant ces deux mondes, des milliers de lucioles filant à leur ouvrage. Il me faudra à peine 10 minutes pour passer du Nord au Sud, mais que ces instants semblent merveilleux. Au fur et à mesure que la clarté monte en puissance elle écrase et fait refluer cette petite nuit qui semblait vouloir prendre ses aises sur la ville et c'est une petite pluie qui baigne maintenant les derniers retardataires. Je suis presque arrivé et je dois virer sur ma droite pour me rendre à Ceyra, petite bourgade au sud de Clermont. Je me retrouve ainsi face à ces masses imposantes d'anciens volcans, au creux desquelles se lovent toutes les petites localités avoisinantes. Le photographe cherche l'instant pour prendre la photo qui fera la différence. Je n'avais pas mon appareil, et de toute façon il ne m'aurait servi à rien, artistiquement parlant. Mais l'instant était là. Un arc-en-ciel se dessina soudain sur un fond de brume, prenant naissance au delà de la ligne de crête, survolant de sa courbe la ville soudainement devenue fragile, et allant se perdre dans le plafond bas des nuages matinaux. Le soleil, derrière moi maintenant, finit d'éclabousser les collines volcaniques, les habillant d'une somptueuse chevelure rousse d'automne. J'ai profité de cet instant magique, l'imprégnant au plus profond de moi-même, écoutant discrètement la radio qui passait en boucle l' annonce de la Mort de Mr Noiret. Uranus. Maringues. Noiret. Le lien était fait. Une coïncidence de plus, dira-t-on. Un coup de klaxon tueur me ramena à la réalité du code de la route. C'est alors que le chroniqueur parla de la victime du match de foot à Paris. L'arc-en-ciel dura encore un petit moment puis le jour acheva de se lever.