« Et maintenant, que vais-je faire ? », dit la chanson. Cet emploi ne doit pas devenir une fin en soi. S’il permet de mettre fin à une situation précaire, je ne dois pas m’en contenter. Je me replonge 25 ans en arrière et essaie de me souvenir de l’embauche qui devait nous ouvrir le chemin d’une vie qui petit à petit allait se construire. Le premier projet que nous avons mis en chantier, fut l’achat d’une maison. Nous sommes à peu près dans la même situation aujourd’hui, mais plus dans la même vision de l’avenir. Un achat immobilier ne serait qu’une manière de nous sécuriser financièrement, sans plus. Et à ce titre, plus d’une fois, je me suis demandé si ce passage était obligé. Après tout, pourquoi ne pas profiter un peu de ce temps qui nous est donné sans but vraiment défini. Si la question semble terrible et surprenante, je me la pose parfois : pour qui devons nous assurer un quelconque avenir matériel ? Pour quelle descendance ? Ne vaudrait-il pas mieux faire plaisir autour de nous au présent plutôt que de conjuguer au futur une vision de l’avenir que nous ne définissons que de façon très évasive ? Je ne sais pas si j’ai vraiment envie de me priver. Il est certain que l’achat d’une maison achèverait de confirmer une installation quasi définitive dans cette région. L’arrivée prochaine de notre fils aîné, rajoute un peu plus à cette évidence. Et de plus la mère de Fabienne semble bien décidé à revenir vivre sur sa terre natale. Alors que penser de cette histoire qui, au terme d’une première étape d’importance majeure, va continuer de courir au grès de malheurs et de joies incontournables, nécessaires à son déroulement. Pourtant…parfois, avant de m’endormir, j’éprouve un drôle de sentiment. Je me demande ce que je fais ici, si loin de mes origines. Peut-être est-ce simplement une prise de conscience, alors que jusqu’ici je n’avais l’impression que de vivre une aventure passagère. Mais non, c’est bien une histoire qui se poursuit, solidement, invariablement, inéluctablement. Tous les signes vont dans ce sens.