VU DU BALCON : ARCHIVES

Les sentiers rouges de Paugnat

Nous marchons désormais sur des sentiers rouges qui nous conduiront vers des horizons imprévisibles. La terre de ces volcans nous a nourris durant ces longs mois de réflexions et aujourd’hui il va falloir apprendre à se passer de ces paysages surprenants. Non pas que des choses ont été décidées…mais le risque de l’habitude est plus grand que la sérénité que nous avons trouvé ici. Nous devons donc penser à entrevoir une autre direction à donner à ce périple improvisé. Nous sentons bien au fond de nous-même que les douleurs s ‘amenuisent et que nos actes en sortent plus naturels. Nous ne pouvons pas vivre sur cet acquis, car trop fragile, nous serions surpris de perdre l’essentiel de cette force retrouvée. Nous savons qu’il est des sentiments que nous ne pourrons jamais occulter, des images qu’aucun mage ne pourra faire disparaître, des voix qu’aucun vacarme ne pourra couvrir. Il n’est pas question d’oubli. Pas de drogue, pas d’alcool, pas d’actes irraisonnés. Simplement une patience de chaque instant et une attente dans la foi de jours meilleurs, sans jamais douter de l’amour qui nous tient et allège notre fardeau. Sur ces terres rouges des vieux volcans nous avons longtemps marché, par moments sans nous parler, mais aussi en laissant venir les mots guérir nos silences assassins. Et, aujourd’hui, lorsque, seul, je m’en vais traîner mes perplexités sur les collines avoisinantes, c’est toujours les mêmes réponses qui, invariablement, me fredonnent un refrain qui semble plus gai et chantant que celui des semaines passées. C’est le besoin naturel de se tourner vers le monde, d’apprécier sa diversité et d’en comprendre les paradoxes. Nous avons trouvé une paix, notre devoir est de l’entretenir et d’en faire profiter celles et ceux qui voudraient en profiter. Parfois il faut forcer le destin, c’est vrai. Et vivre un peu au bord de la folie douce, en restant maîtres de nos choix. Si je n’avais pas écouté cette folie, bien des choses auraient été différentes. Parfois j’ai vécu dans l’ombre de l’irrationnel, mais bien plus souvent dans la clarté de mes croyances. Et demain sera de la même veine, comme cette pierre de Volvic, la plus dure sur cette Terre, au travers de laquelle coulent ces sources que l’on dit intarissables.

En d’autres lieux, je continuerai à pousser les portes d’églises inconnues, sans honte ni doute, poussé uniquement par l’espérance d’une réponse simple et libératrice. Ce sont des gestes que j’ai faits sans en connaître la raison et qui m’ont conduit à ce que nous vivons aujourd’hui. Sur la route du Sud, dans le village de La Cavalerie, brûle un cierge que nous avons allumé pour que vive éternellement ce lien qui faillit se briser il y a deux ans. Peut-être est-il éteint ce soir, sans doute, mais la petite flamme danse toujours au milieu de nos souvenirs et réchauffe nos rêves peuplés de sourire innocents.

Aïe tech.cocorico

Quand je pense que là-bas , en Corée, ils manipulent allègrement leur téléphone portable pour visionner la télévision, pour environ 30€, et que moi, ici, pour le même prix, j’arrive à peine à afficher une page web à un haut débit digne de ce nom ! Y’a de quoi, je vous jure, passer à travers le poste de télé, agripper Sarko par le col de la veste et  lui demander si c’est pour aujourd’hui ou pour demain ses satanées réformes. Il me répondra sans doute que les caisses sont vides pour améliorer les réseaux, qu’il me faut ramer plus pour naviguer plus…Je fais partie de ces crétins . fr qui n’ont pas la chance d’avoir choisi le bon fournisseur d’accès. Mais renseignements pris, je sais que quelque soit ces fournisseurs, il n’y en a pas un pour nous garantir un rendement correct ou durable. Sont toujours entrain de faire de la bricole les gigolos, à croire qu’on ne les intéresse pas, du moment que le prix de notre abonnement tombe pile-poil à l’heure…mais j’ai pas que ça à faire moi. On attend de mes nouvelles, on s’inquiète, on piétine d’impatience…Ma vie ne doit pas s’arrêter à ce fichu bazar qu’est devenue la toile. Alors, le coude sous le menton, les yeux mi-clos fixés sur la petite barre rouge de défilement au bas de l’écran, j’attends, imperturbable, que s’ouvre le sésame qui me permettra de transférer cette note et, avec un peu plus de résignation, j’essaierai d’y coller une quelconque photo pour agrémenter cette colère qui perturbe mes soirées de printemps. Ce n’est donc pas le temps exécrable de la semaine dernière, ni ces ouvriers trempés tirant sur un câble qui sont la cause de ce manque de communication. C’est tout simplement la haute technologie française.

Ciseaux, pierre et papier.

Retour vers l’écriture simple et apaisante. Mais sincèrement, je pense ne pas avoir beaucoup de choses à raconter. Bien dans ma tête, le passé me laisse un peu de repos. Nous avons passé une partie de la semaine avec un ami du Nord, venu se perdre sur ces terres auvergnates si différentes des horizons plats de là-bas. Je me suis interrogé sur ce que pouvait représenter cette visite, attendue certes, mais aussi synonyme, pour moi, de bilan après ces mois d’éloignement. Comment puis-je d’écrire ces sentiments qui peu à peu prennent un peu plus de place chaque jour, soulageant ainsi une angoisse d’un avenir nébuleux. Si l’écriture se fait plus rare, c’est que j’ai l’impression de répéter à chaque ligne les mêmes phrases banales sur une vie qui ne l’a pas été. Revenons à cette visite. Fred est donc arrivé vendredi dernier, par un train retardé par un « incident » de circulation ferroviaire. Collision entre voiture et train. Nous apprendrons par la suite qu’il s’agissait d’un suicide. Perturbée donc cette arrivée de l’ami Fred, de plus bien arrosée par une pluie persistante et quelques bières au buffet d’une gare encore sous le stress des badauds perdu devant les panneaux lumineux leur annonçant les mauvaises surprises. Pour la petite histoire sachez que, l’esprit embrumé par la présence du nordiste et la joie que je me faisais à lui expliquer tant et tant de choses dont le moment n’était sans doute pas choisi, je me suis fait un feu rouge et un sens interdit de quoi lui rappeler symboliquement que l’émigrant avait gardé son esprit rebelle, même si l’intention n’y était pas. Bref cette première soirée s’est terminée devant une truffade et plus tard, à la maison, devant une Duvel qui attendait patiemment cette invitation depuis plus d’un an et demi. Ce soir l’ami a rejoint le Nord et les choses sont à leur place. Moi ici, eux là-bas. Je veux dire que le temps fait son travail. Que j’oublie parfois de prier le soir, que le manque se dissipe, que je recommence à projeter des images sur un écran parsemé d’étoiles filantes. Mais que la tumeur veille, réveillant des éclairs assassins. Tant qu’il y aura des passages à niveau, des trains arriveront en retard. Il y a bien longtemps que j’ai pris le train. J’aime trop conduire.

Musical book.

Pas trop la pêche aujourd’hui. Je suis énervé depuis ce matin et impossible de savoir pourquoi. Peut- être est-ce cette lenteur du temps qui passe, sous des ciels toujours changeant, qui provoque ce statu quo d’idées, cet ennui sous-jacent et inquiétant. Je fais partie de ceux qui ne se satisfont pas d’une trop grande tranquillité. J’ai besoin, lorsque tout semble normal autour de ma vie, d’instabilité, d’insécurité, d’inconnu. Là, alors qu’une paix attendue flotte autour de nous, je piétine, m’irrite pour un rien, et plus inquiétant que le reste, je ne supporte  plus le monde avec lequel je suis bien obligé de composer. Le plus difficile, et pourtant passage incontournable pour se tenir au courant d’un minimum de choses, c’est le visionnage des infos. Plus rien ne me semble correspondre à une réalité cohérente. Je n’y vois qu’hypocrisies et mensonges. Il est vrai qu’avant que je n’arrête la musique, ce loisir était un défouloir génial dans lequel je pouvais me permettre d’extérioriser ce mal-être omniprésent. Puis l’esprit occupé par des soucis d’un autre ordre, j’ai comme occulté cette révolte innée et intarissable. Mais voilà que de la source jaillit de nouveau cette eau qui m’a maintenue si longtemps la tête hors de la Nausée. De nouveau je voudrais sentir ce danger permanent qui faisait de ma vie une folle machine infatigable, imperturbable. Et je me pose la question : ce juste retour des choses est-il le prémisse d’une guérison qui, d’un autre côté me fait peur ? Suis-je prêt à accepter sans me retourner cet oubli nécessaire à toute survie ? Et si c’était cela qui provoquerait ce stress sans visage et sans nom ? L’avenir me dira si la lenteur de cette page qui se tourne sera ou non une main qui se tend pour m’arracher au passé. Je suis comme l’enfant insupportable que la mère renvoie vers le père pour calmer ses délires. L’inquiétant dans l’histoire, c’est que j’ai du jouer les trois rôles à la fois. Un jour ou l’autre, on finit par tout mélanger.

Chu din'l brin!

Mon accès internet fonctionne aussi bien que la météo, c’est à dire en très bas débit, c’est un peu la raison pour laquelle cette semaine je ne me suis pas épanché sur notre petite vie quotidienne. Les deux phénomènes sont peut-être liés, à savoir : ce sont les perturbations météorologiques qui empêchent le bon fonctionnement de cette haute technologie. Je n’y crois pas trop et pense plutôt que je suis entrain de me faire rouler en payant une connexion ADSL, tout en ayant un rendement à bas débit. Faut signaler également que l’Auvergne reste une des rares régions à traîner la jambe en matière d’internet  à Haut débit, et qu’un effort de mise à jour est entrain de se faire pour mettre cette région au rang qu’elle mérite. Mais bon, en attendant je patine dans la choucroute depuis une semaine, lundi soir exactement, date à laquelle j’ai remarqué à quelques kilomètres d’ici, des ouvriers tout de jaune vêtus, sous une pluie battante, s’énervant sur un câble rebelle qui ne voulait pas sortir de terre…Je me suis dit qu’ils devaient en baver, mais je ne me suis pas douté, ni posé la question de savoir si ce câble avait un rapport avec notre téléphonie. J’aurais pu m’arrêter pour leur demander : « Pardon, braves gens, auriez-vous la bonté de m’expliquer l’objet de vos tracas ? ». Mais bon, j’ai préféré m’en remettre à leur savoir-faire et de toute façon cela ne me regardait pas…et n’a sans doute aucun rapport avec le fonctionnement anormalement passager de ma bistouriquette du tuyau d ‘échappement, à gauche(entendu dans un film). Fameuse formule pour clore un débat stérile qui ne sera élucidé que lorsque je verrai mon test ADSL indiquer la graduation maximale de l’échelle de débit. D’ici là, la météo se sera peut-être rétablie, et je serai moins souvent devant le PC, d’où le non-sens de cette réflexion matinale. Mais cela fait du bien de se poser des questions. A bon entendeur, salut. 

...et lire dans leurs yeux

…et ce soir, il neige à gros flocons sur Paugnat. Nous assistons en direct à une bizarre comédie météorologique. Je préfère penser que nous sortirons de cette impasse. Il suffira d’un peu de courage à l’Homme, un certain talent d’adaptation, beaucoup de patience et d’intelligence. Pas de grands mots sur papier blanc, sur des feuilles trop légères pour résister au vent de la stupidité. Il faudra écouter, voir et ne pas parler. Mais regarder ces poussières d’étoiles nous montrer les  chemins à suivre, ça oui, il faudra apprendre à le faire. Il faudra lire dans l’âme des êtres aimés mais mieux encore dans ceux des êtres perdus et désemparés. Se dire que l’on s’est trompé et oser l’avouer. Revenir sur nos pas et demander un pardon inaccessible pour qui fermera les paupières sur sa vie. Alors emprunts d’une force insoupçonnable, nous pourrons enfin trouver le repos nécessaire à leur paix. Je regarde la neige recouvrir un printemps naissant dans la souffrance

entendre leur voix...

Je suis impardonnable. Mais avec tout ça, il est vrai que j’ai dû passer à côté de pas mal de choses…Bon, la journée a été très agréable. Nous sommes descendus sur Clermont pour profiter de cette douce journée d’Avril ensoleillée. Petite visite aux vitrines et achat d’une robe pour Fabienne, qui lui va comme un gant ! Elle n’en porte pas assez, pour une fois que l’occasion se présente ( Bibendum m’a envoyé ma prime d’intéressement qu’il me devait…), je saute sur l’occasion pour satisfaire mon fantasme…Puis passage à la Fnac dans les rayons bouquins et musique. J’y trouve un vieux cd d’APRES 75, de Génésis, et je me dis que, vu le prix, si je suis déçu, la perte ne sera pas ombrageuse. Puis visite du vieux Clermont, où nous découvrons des endroits encore inconnus malgré nos visites répétées dans cette ville. De retour à la maison, je me mets à rechercher de vieilles photos des enfants que je croyais avoir, sans résultat. Auparavant j’ai auditionné le cd acheté, et, sans surprise, je reste sur ma faim, rassuré d’avoir fait le bon choix APRES 75. Il manque quelque chose. Bien sûr les mélodies sont toujours là, parfois même un peu pompeuses, et décalées par rapport à cette période d’enregistrement, mais le manque ne vient pas de là. Je passe à autre chose, je fouille dans mes copies informatiques, réalisées avant le bug de mon pc l’année dernière et toc ! par hasard je retombe sur un cd d’un concert de Peter Gabriel, celui qui chantait avec Génésis AVANT 75. Et là je sais d’où provenait ce manque à l’écoute du cd de tout à l’heure. Je me souviens que notre fils Damien m’avait dit, alors qu’il était encore petit, qu’il aimait ce chanteur. Ce devait être en 86/87…Oui je suis impardonnable d’avoir laissé ce CD dormir alors que l’émotion qu’il m’a procuré me remue encore en ce moment. Alors excuse-moi Franco pour cette négligence mais je pense que les circonstances atténuantes sont de rigueur. Merci en tout cas d’avoir réveillé en moi des émotions qui comblent un vide parfois bien difficile à remplir

Le péril jeune.

Houlala, ça va vite. De fil en aiguille, je retrouve une copine de la même période, toujours sur le même site. Quel étonnement de savoir qu’elle vit à TAHITI ! Alors bien sûr petit mail dans la foulée et réponse rapide. Va bien sûr falloir faire des économies si je veux lui rendre une petite visite. Quelle sensation de bonheur que de savoir qu’à des centaines voir des milliers de kilomètres, des amis perdus de vue peuvent dans l’instant effacer des années de silence et d’absence. Revivre l’espace de quelques secondes des moments blottis au fond de notre mémoire, entendre de nouveau des rires, des éclats de voix, revoir les visages…certains pensent qu’il ne faut jamais se retourner sur sa vie. Il n’est pas question d’avoir la prétention de remodeler une vie quelle qu’elle fût. Mais sortir de l’obscurité les meilleurs moments d’un passé qui a bâti les fondations sur lesquelles reposent nos idées d’aujourd’hui, s’ils furent sincères, alors quelle force nous portons en nous ! Et c’est le cœur bien au chaud que je repense à cette époque où tout nous semblait possible, ou nous faisions de chaque réunion, une fête, sans pour cela y mettre les manières. Nous avions déjà décidé de ce que serait notre vie et nous allions nous y tenir.  Ah , nostalgie quand tu nous tiens ! Quand je vois dans quel monde de m…. on nous promène aujourd’hui, je me dis qu’il serait bien temps de réveiller quelques consciences et de se mettre en marche. Ne serait-ce que pour nos enfants nous n’avons pas le droit de laisser faire…