VU DU BALCON : ARCHIVES

Retour vers le futur

J'aurais sans doute dû commencer ce blog en y inscrivant cette note. Aujourd'hui que la situation est stabilisée, et qu'une seconde ère de raisonnement commence je peux dévoiler le pourquoi et le comment de ce chambardement. Ensuite s'ouvrira une seconde partie de réflexion sur les différents regards que nous avons sur notre nouvelle vie...donc:

C’est en rentrant du travail, un soir de septembre, que j’ai pris la décision. J’appuyais lourdement sur les pédales de ma bicyclette et cet effort, anormal pour moi qui avais bourlingué en montagne et effectué de nombreux kilomètres à travers notre région, me fit prendre conscience de l’état d’abandon que je commençais à subir. Abandon du combat face aux événements passés, nombreux et graves certes, mais aussi face à cet avenir que je ne distinguais plus. Je ne pouvais pas baisser les bras maintenant, ce n’est pas ce que j’avais lu dans les yeux de mes fils disparus. Une opportunité s’entrouvrait au travail par le fait de la mise en place d’un plan social dont je pouvais profiter. Ce serait le soutien matériel qui me permettrait d’avancer plutôt que de végéter.

La maison, que nous ne reconnaissions plus comme lieu de repos mais comme l’endroit où chaque regard se posait sur des souvenirs douloureux, ne serait pas difficile à quitter. Je rentrai donc ce soir là et, sans connaître l’issue de ma démarche vis à vis du travail, j’annonçais à Fabienne : «  j’ai demandé de partir dans le cadre du plan social, c’est accepté… ». Je savais que rien ne me ferais reculer. Ici, vivre serait synonyme d’ignorance, et je ne voulais pas mourir idiot. Restait le problème de Nicolas notre fils aîné. Ce serait pour lui un nouveau départ également, et, bien que fragile, la seule chance de quitter ce marécage psychologique dans lequel il pataugeait depuis quatre années.

Alors les évènements se succédèrent, positivement et presque de manière un peu étrange...

Ce soir donc, avec vous, j'ouvre un autre cycle de réflexion... Avant que la Grande Marée ne nous rattrape...

Time Machine

Ma montre vient de finir sa carrière au fond d’un container à carton. Elle finira sa vie, incinérée, puis partira dans les volutes de fumée vers le ciel auvergnat. Je l’aimais bien, cette montre. Non pas qu’elle avait de la valeur, mais c’est la seule que j’avais pu garder aussi longtemps, depuis qu’elle nous avait été offerte par la direction de mon ancienne usine, il y a 7 ans. De plus je venais juste de changer la pile, récupérée sur une montre que je viens de recevoir de mon nouveau boulot. Montre « tape à l’œil » que je n’aurais jamais porté. Tout ça pour dire que « l’esprit Michelin » vient une fois de plus de faire son œuvre.

Bon revenons à nos moutons…Je pensais terminer ce blog dès que nous aurions fini notre installation. Mais il n’en sera rien. Pour toutes celles et ceux qui l’ont suivi jusqu’à présent, la seule conclusion que je puisse en tirer aujourd’hui est que : « tout est possible, tout est réalisable.. ! »  Mais je n’ai jamais douté. Ce que sera demain (le début ou la fin, ça c’est du Yves Simon) ne pourra de toute façon pas être pire que ce que nous avons vécu. Je sais que plusieurs bloggers m’ont demandé d’éclaircir le mystère qui entoure cette décision. Je leur demande donc de pardonner cette pudeur qui me conduit à ne pas faire état de ce qui, finalement, n’apporterait rien à l’aventure que nous venons de vivre. Je n’ai qu’un seul message à laisser. La Vie, n’est pas, comme on a l’habitude de l’entendre, une loterie. Je ne crois pas au hasard, simplement parce que mon Passé, le Présent et mon Avenir m’ont construit et continueront de me faire agir en fonction de tout ce qui m’entoure, à l’écoute de la moindre perception du Monde Visible ou Invisible. Pas de folie, loin de là. Mais une Force qui ce soir, m’en éloigne, lorsque, cherchant le sommeil, je repense à tous ces regards tournés vers moi dans leurs derniers instants de Vie, et qui, péniblement m ont demandé de Vivre pour ceux qui restent…

Douce France...

Bon, parlons un peu de Paugnat…Ce n’est pas un de ces villages touristiques, flambant neuf, fleuris à outrance, accueillant chaque été son flot de touristes en mal de tradition ou l’hiver, nos citadins  à la recherche de la moindre petite flambée familiale. Non. Ce village, dont les habitations sont toutes en pierres de Volvic grises et froides, garde sa tranquillité et son originalité, bien que de nombreuses constructions récentes commencent à s’ériger à la périphérie. Après l’épisode neigeux de la fin janvier, nous avons eu droit, en nous promenant sur les hauteurs avoisinantes, à de magnifiques tableaux aux lumières changeantes, de minutes en minutes. L’ancienne  partie du village paraît triste au premier abord, ceci étant dû à l’aspect austère de cette pierre de pays, qui d’ailleurs semble encore extraite des carrières avoisinantes. Le village se love au pied du Puy de Paugnat et juste derrière son grand frère le Puy de la Nugère semble le protéger. De nombreux calvaires ou chapelles parfois mystérieuses, situent les intersections des différents chemins menant au village. Beaucoup de GR ( chemins de grandes randonnées) traversent la contrée, traversant la Chaîne des volcans de long en large. Nous nous trouvons en fait au cœur de cette chaîne montagneuse. Non loin d’ici, environ 6km se niche Volvic, dont la présentation n’est plus à faire. Un peu plus loin en descendant les gorges d’Enval nous arrivons à Riom, à l’est. A 20 km plus au sud se trouve Clermont Ferrand et le Puy de Dôme. A l’est donc la plaine de Limagnes qui offre, vu du haut des gorges d’Enval, des spectacles exceptionnels de lumière, au petit matin, quand la brume se lève. Et tout au fond de cette plaine, les Monts du Forez se dessinent sur l’horizon. Mais restons à Paugnat…La vie s’écoule paisiblement dans ce petit bourg, très vivant le dimanche et qui possède encore son école, son boulanger, son boucher, sa coiffeuse et son petit bistrot/dépôt. Les chiens se promènent seuls, sans jamais vous importuner. Compatissant.

L’ église sonne, pas trop fort, aux heures et demi-heures. Pas de mairie car nous dépendons de Charbonnières les Varennes, situé à 3 km, dommage. L’année 2007 devrait voir  l’aménagement de la voirie et de ses abords afin de répondre aux exigences touristiques de la région. Et puis un jour, Paugnat perdra de sa simplicité au profit de cet instinct de survie nécessaire à toute société. Mais les pierres grises de Volvic témoignerons toujours de ce qu’à pu être un jour ce petit village de montagne : un simple lieu de Vie.